Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

L’accompagnement des personnes difficiles en communauté

Olivier Le Rendu Anne Lannegrace Béatrice de Montabert Achille Mestre

La journée organisée par la Conférence des religieux et religieuses de France, en juin 2018, avec le soutien de la Fondation des monastères, a donné lieu, sur un sujet délicat, à une brochure du plus grand intérêt. Vu la multiplication des « difficultés de communauté » ou de « personnalités en difficulté dans la vie fraternelle » (O. Le Rendu), il n’est pas trop tard pour y revenir. Peut-on « gérer », se demandent les supérieurs, les personnalités difficiles, surtout quand il s’agit d’addictions (à l’alcool, aux médicaments...), ou de comportements hystériques, voire paranoïaques ? Les troubles du caractère si courants (A. Lannegrace) peuvent, par le mode relationnel qui intègre le tiers, permettre l’accès à l’altérité, un processus qui apparaît souvent tardivement – car il y a des étapes, et il s’agit de graduer les propositions, de ne pas réduire le langage à ce qui est dit, ni à la différence des générations, de savoir que les personnalités s’associent en fonction d’attirances inconscientes et spontanées. Personne n’est à l’abri d’un dysfonctionnement, ni aucun entourage de la souffrance que ces excès lui occasionnent mais qui ne peuvent le prendre en otage. « Une situation devenue vraiment impossible relève d’un tiers extérieur. »

L’approche systémique (B. de Montalembert) met en évidence les bonnes pratiques à favoriser (confidentialité, sus­pension du jugement, participation, engagement) et propose une distribution des rôles en réunion pour apprendre à « se parler de ce qui va bien et nommer les difficultés et les tensions ». Pour finir, A. Mestre parcourt les perspectives qu’offre le droit canon pour toutes sortes de situations délicates, notamment en cas de troubles psychiques, mais aussi d’absence légitime (à noter que les modalités de l’accord à consigner supposent la responsabilité financière supplétive de l’institut), d’exclaustration imposée, ou de sortie (qu’un certificat médical peut empêcher). Impossible pourtant de dégager des prescriptions générales, « toute situation rencontrée est un cas particulier auquel le supérieur devra – avec son conseil – s’adapter ». Des pistes de lecture et autres éléments bibliographiques achèvent, avec de riches échanges clairement rapportés, de faire de ce livret un instrument de réflexion très éclairant.

CORREF / Fondation des monastères, Paris, juillet 2018

84 pages · 0,00 EUR

Dimensions : 15 x 21 cm

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