La figure de Philippe Néri est fascinante. Tellement riche que, plus qu’aucune autre, il n’est possible de l’embrasser dans un seul regard. Les études consacrées à l’apôtre de Rome sont déjà nombreuses. Pourtant, aucune ne s’était encore attachée à étudier de manière systématique la théologie du ministère presbytéral qui peut se dégager de sa vie. La tâche du théologien est compliquée, en effet, par le fait que le saint fit brûler la quasi-totalité de ses écrits avant sa mort. Qui plus est, comme l’A. s’attache à le montrer tout au long de ses pages, Philippe Néri est un pragmatique. C’est la vie et l’appel de l’Esprit qui guide son action. Point de plan d’action, point de grande vision à déployer. Simplement, une disponibilité à l’action de Dieu dans sa vie. Les différentes périodes de la vie du fondateur de l’Oratoire sont faciles à dégager et l’ouvrage s’organise autour d’elles : la jeunesse florentine ; la vie de laïque à Rome, l’ordination presbytérale et enfin, la fondation de l’Oratoire. L’A. montre avec pertinence que Philippe ne voulait pas être prêtre. De ce fait, il montre comment tout son ministère s’enracine dans la grâce baptismale et, pour ainsi dire, dans la grâce pentecostale de 1544. Le fil rouge de sa vie ? L’intégralité du don de Dieu, la douceur de la charité et l’annonce joyeuse de la Parole de Dieu. La conception que Philippe a de son ministère et, singulièrement de l’exercice de la miséricorde dans le sacrement de réconciliation, la centralité de l’Eucharistie, l’accompagnement des jeunes dans le chemin de Dieu a non seulement quelque chose de novateur, mais elle va être une véritable source de renouveau pour la ville éternelle au XVIe siècle. Et l’Oratoire naîtra, sans qu’il l’ait cherché, comme une fécondité toute simple de cet exercice de la « charité pastorale ». Et l’A. de montrer, pour conclure que cette expression de « charité pastorale », bien qu’étant contemporaine convient parfaitement à cette grande figure de prêtre. Et si, finalement, celui qui a été un modèle pour le clergé issu du Concile de Trente pouvait aussi être un modèle pour celui du XXIe siècle, héritier de Vatican II. La présente étude devait être menée et les résultats en sont intéressants. On regrettera un côté touffu qui confine à la confusion. Les citations sont parfois extrêmement longues. Se rencontreront parfois dans les mêmes pages, des sources historiques, des témoins du procès, des théologiens contemporains étayant la pensée de l’A. Bref, il est parfois fort mal aisé de s’y retrouver dans la lecture. Ceci, d’autant plus que les chapitres sont extrêmement longs. Il est donc à souhaiter que l’A. s’attelle à une version expurgée et moins scientifique qui rebutera moins son lectorat.
Saint-Léger Éditions, Le Coudray-Macouard (Fr.), mars 2019
676 pages · 24,00 EUR
Dimensions : 16 x 24 cm
ISBN : 9782364524101