Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Chronique d’Écriture Sainte

Nouveau Testament

Véronique Fabre

N°2012-4 Octobre 2012

| P. 294-302 |

Les livres que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer cette année se répartissent en trois catégories qui portent sur les évangiles (I), les Actes des Apôtres et les épîtres (II), des sujets généraux (III).

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Les livres que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer cette année se répartissent en trois catégories qui portent sur les évangiles (I), les Actes des Apôtres et les épîtres (II), des sujets généraux (III).

I

Un nouvel ouvrage s’intéresse à la Source des paroles de Jésus [1]. L’auteur, André Myre, longtemps enseignant à la faculté de théologie de Montréal, présente la fameuse source préévangélique Q qui n’aurait pas d’existence indépendante mais qui serait pourtant bien présente dans les deux versions de Matthieu et de Luc. Une traduction française originale du texte reconstruit est suivie d’un chapitre traitant des questions touchant la nature et l’origine du document ; puis un commentaire prenant en compte la recherche actuelle montre qu’« il s’agit d’un document bien structuré, avec une pensée originale et unifiée, un vocabulaire cohérent et un mouvement de fond impressionnant » (p. 9). Le but de l’ouvrage est d’expliciter ce que le texte de la Source veut dire aujourd’hui, sans peur de donner une interprétation décapante de ce texte disparu.

Un autre livre cherche à revenir aux sources en restaurant un texte hébreu qui pourrait être sous-jacent au texte grec des Béatitudes [2]. Le livre fait entendre deux voix : l’une propose la relecture en hébreu du texte avec le commentaire symbolique et philosophique qui en résulte ; l’autre développe le commentaire symbolique des rêves et expériences spirituelles vécues dans le groupe où ce travail a été développé. Les derniers mots de l’ouvrage expriment l’enjeu de cette démarche : « Nous vivons à une époque où il redevient possible de retrouver la saveur du sel révolutionnaire oublié de Jésus, et dès à présent redevenir les disciples qu’il appelle pour s’engager dans la société alternative du Royaume des Cieux, porteuse d’une révolution hébraïque de l’humanité » (p. 142).

Les éditions Lumen Vitae proposent un ouvrage de J.-P. Sterck-Degueldre, formateur à l’évêché d’Aachen, intitulé : Jésus a-t-il marché sur les eaux ? [3], « Une véritable encyclopédie qui rassemble le meilleur de la littérature récente autour de trois pôles : théologie, exégèse et didactique des récits évangéliques de miracles » selon la préface de l’Abbé Marcel Villers (p. 7). Et l’auteur de s’expliquer lui-même : « Le présent ouvrage est essentiellement axé sur les fondements théologiques et surtout exégétiques d’une didactique de l’enseignement religieux […] je privilégie clairement des démarches qui entendent faire le lien entre le monde de la Bible et celui de l’auditeur aujourd’hui » (p. 9). Belle invitation à « ouvrir les yeux » (p. 166 et 167).

Encore une traduction française cette fois-ci de l’évangile de saint Matthieu, réalisée à partir du texte araméen de la Peshitta, l’unique version canonique des Églises de l’Orient [4]. L’auteur est prêtre dans le diocèse maronite de Jbeil-Byblos (Liban). Le but est de donner accès à l’évangile en sa richesse orale, dans son contexte original et vivant ; c’est ainsi qu’on le découvre structuré en colliers didactiques selon une composition mnémotechnique. Une découverte fort intéressante pour ceux qui voudront plonger dans la richesse de l’oralité judaïque.

Suivent trois ouvrages sur l’évangile de Marc. Tout d’abord Lire l’évangile de Marc comme un roman [5]. L’auteur, G. Van Oyen, professeur à l’Université de Louvain, veut faire connaitre l’état actuel de l’exégèse sur le deuxième évangile, en dehors de l’univers académique des spécialistes des sciences bibliques. Une première partie explore quelques pistes pour une interprétation actuelle de la Bible, notamment la narratologie, une seconde partie propose une analyse du texte particulièrement attentive à sa réception par le lecteur. Ainsi, bien des questions brûlantes sont abordées : Jésus avec point d’interrogation ; le fardeau des titres honorifiques ; la force des sans-pouvoir ; où est Jésus ?

Roland Bugnon, prêtre spiritain, propose un récit imaginaire et romancé de la naissance du livre [6], « une sorte de roman évangélique ou de voyage philosophique qui cherche à recréer les dialogues qui ont eu lieu, d’une manière ou d’une autre, durant les premières années du christianisme » (p. 10 et 11). Une belle introduction à l’évangile lui-même.

Enfin, un troisième livre nous offre un véritable commentaire du second évangile, écrit par J. Cazeaux, bien connu des lecteurs de cette chronique [7]. Ce dernier explique lui-même sa visée : « L’essai littéraire que voici n’usera guère de parallèles, sinon à l’occasion, pour faire sentir la verdeur de Marc. Comme les autres lectures issues de la même perspective littéraire (au sens français du terme), celle-ci ira son chemin propre, et l’on ne saurait lui reprocher sérieusement de ne pas discuter avec les interprétations existantes » (p. 8). Voici quelques mots de la conclusion qui disent bien la force de ce livre : « Par sa violence même, Marc est paradoxalement, l’évangile de la Grâce, comme les livres de la contre-épopée que fut la Sortie d’Égypte, l’Exode et les Nombres […] Est-ce vraiment un paradoxe si pour le salut, il est nécessaire de se reconnaître perdu dans les ténèbres ? » (p. 347).

Deux ouvrages johanniques : Mgr Vincent Jordy, évêque de Saint-Claude, nous invite à emprunter le chemin de vie chrétienne tracé par les nombreuses rencontres de Jésus avec des personnes ou des groupes [8] : les premiers disciples, sa mère à Cana, Nicodème, la Samaritaine, les pharisiens, la foule, la femme adultère, l’aveugle-né, Marie de Béthanie, mais aussi avec son Père dans la prière. Et par-delà la mort, les rencontres du ressuscité constituent pour nous un véritable pélerinage évangélique. « Ces expériences n’ont en fait qu’un seul but : nous conduire à un face-à-face avec le Ressuscité, face-à-face intime et essentiel qui nous sera livré dans l’ultime rencontre entre Jésus et Pierre au bord du lac de Galilée » (p. 212).

De façon très différente, Clémence Hélou, membre de la fédération biblique en France et au Liban, nous livre une étude sur le symbole et le langage dans les écrits johanniques [9]. Il nous suffit d’écouter quelques mots de la préface de P. Ricœur : « Une résonance unique que seule pouvait faire entendre une femme écrivain du Liban, plus proche que ses lecteurs occidentaux des traditions de l’Orient chrétien. Je pense à ce qui est dit non seulement d’une reprise christique de la symbolique, – non seulement de l’implication de l’auditeur et du lecteur dans le dynamisme symbolique, – non seulement de la puissance du symbolisme d’engendrer une tradition vivante et de rassembler une communauté, – mais je pense plus spécifiquement à la méditation sur l’icône, placée entre l’étude des prolongements liturgiques du thème Lumière/Ténèbres et la réflexion sur le passage du symbole au concept » (p. 12).

Concluons cette première section avec une méditation développée des évangiles de la part du frère Achille Mestre, moine bénédictin de l’abbaye de Ganagobie [10]. C’est une véritable lectio divina à laquelle nous sommes invités, qui commence par une méditation sur la Parole, sur le surgissement de la foi et la pédagogie de Dieu, se poursuit avec la vie de Jésus, et s’achève autour de la Pentecôte et l’Église, et de la Parole de Dieu comme chemin de sainteté, et en guise de conclusion le sens d’une vie en Christ. Un beau parcours spirituel au fil de la Parole !

II

La collection Lectio Divina présente un ouvrage de Christian Dionne [11], professeur de théologie à l’université d’Ottawa, sur le premier voyage missionnaire de Paul (Ac 13 – 14). Il s’agit donc du début de l’évangélisation au-delà de la Judée. Ces chapitres comportent deux discours : l’un prononcé devant les Juifs réunis à la synagogue d’Antioche de Pisidie, l’autre devant les païens de Lystres – et c’est à la charnière de ces deux épisodes que Luc montre comment et pourquoi Paul et son compagnon « se tournent désormais vers les nations païennes » (Ac 13,46). On assiste là au passage entre deux cultures, deux modes de pensée, deux univers religieux. Cette étude fait une large place à l’analyse narrative qui permet de mettre en valeur non seulement les talents d’écrivain de Luc mais plus encore ceux de conteur. Elle permet de comprendre que « certes, en se tournant vers les Païens, Paul laisse éclater au grand jour une nouveauté incroyable et bouleversante mais, dans son esprit, cette nouveauté accomplit, au sens fort du terme, ce que Dieu a voulu dès le point de départ » (p. 378).

Dans la même ligne de l’accomplissement, un ouvrage de Jean-François Bouthors [12], éditeur et écrivain, montre, au fil d’une lecture très attentive des Actes des Apôtres et des Lettres, que Paul est celui qui, loin de pousser à la rupture, enracine la foi dans le Christ dans la promesse des Écritures : en Jésus, Dieu invite les païens à entrer dans l’Alliance conclue avec Abraham, à devenir membre de la famille même de Dieu. L’auteur ne cherche pas à faire un travail d’exégèse historique, mais plutôt essaye « de nous glisser dans le texte, d’écouter sa musique, sa voix, ce qu’il fait entendre aujourd’hui, tel qu’il est à disposition des lecteurs contemporains » (p. 28). Cette lecture de « l’ensemble lucano-paulinien » est traversée sans cesse par la question de l’articulation entre Israël et les nations : « C’est dans cette tension entre le singulier – la réception par Israël du don de la Torah – et l’universalité de l’intention divine, qu’il faut entendre l’Alliance et la Promesse » (p. 26).

Dans la famille « Pour lire », paraît le volume sur la lettre aux Galates écrit par Jean-Pierre Lémonon, professeur émérite de l’Université catholique de Lyon [13]. Il s’inspire du commentaire biblique déjà publié par l’Auteur en 2008 (cf. Vs Cs 2009/4, p. 307), mais vise un plus large public. Après une introduction circonstanciée, la lecture de la lettre se laisse guider par le texte lui-même. Une conclusion rassemble les thèmes essentiels. Quelques utilisations de la lettre, de la première littérature patristique aux Réformateurs, sont proposées en annexe. Notons la dimension pédagogique de l’ouvrage : on trouve en marge ou en encadré, de nombreuses informations complémentaires, et des pistes de travail accompagnent la présentation de chaque passage de la lettre. Un bel instrument de travail.

Signalons au passage la parution aux éditions du Cerf de la traduction du commentaire de l’épître aux Éphésiens de saint Thomas d’Aquin que nous devons au père Jean-Eric Stroobant de Saint-Eloy, o. s. b. avec une introduction du spécialiste du Moyen Âge, Gilbert Dahan [14]. Cette initiative s’inscrit dans une entreprise plus vaste : la publication en langue française des commentaires scripturaires thomasiens, comprenant notamment l’intégralité du corps des épîtres de saint Paul. Nous pouvons saluer cette entreprise qui nous aide à comprendre que « la mission du théologien a sa raison d’être dans la compréhension de la parole de Dieu contenue dans les Écritures » (p. 11, préface du cardinal G. Cottier).

La collection des commentaires du Nouveau Testament des éditions Labor et Fides s’enrichit du commentaire de la deuxième épître aux Thessaloniciens [15]. Pour Yann Redalié, professeur à la faculté de théologie protestante de Rome, « plus que la spéculation sur le scénario final, c’est une préoccupation pastorale pratique qui guide notre lettre : réorienter la compréhension du présent devant le Seigneur qui vient, retrouver un équilibre, exhorter au calme face aux souffrances, à l’agitation apocalyptique, aux désordonnés qui abandonnent le travail » (p. 12). Une solide introduction traite, entre autres, de l’histoire de l’exégèse de cette lettre et de la question de son authenticité paulinienne. Puis, au fil de la lecture du texte lui-même et de son commentaire (analyse ; explication ; conclusion), des excursus viennent compléter la réflexion. A recommander à tous ceux qui désirent se pencher sur l’apocalyptique, la parousie ou l’imminence retardée du jugement.

La première encyclique de Pierre [16]. Le titre est stimulant, le sous-titre encore davantage : Rendre raison de son espérance. P. Mourlon Beernaert, professeur à Lumen Vitae (Bruxelles), en lisant de près la première lettre de Pierre, met en valeur l’espérance chrétienne et son authentique fondement. Quatre encouragements articulés les un aux autres structurent l’ensemble : vivre dans la sainteté, pour constituer la maison de Dieu ; avoir une conduite appropriée parmi les nations ; face à l’hostilité, vivre l’espérance en la victoire du Christ ; vigilance dans l’épreuve et gloire promise aux persécutés. Notons encore le septième chapitre d’une importance singulière : « Quels liens entre souffrance et gloire ? ».

III

François Bovon, bien connu comme spécialiste de Luc (cf. Vs Cs 2011/4, p. 294) et des apocryphes chrétiens, nous ouvre les portes de son atelier de recherche pour nous expliquer quelques-unes des méthodes, analyses et interprétations qu’il développe depuis plus de trente ans [17]. Une première partie s’attache à identifier quelle fut la foi initiale des premiers chrétiens, exprimée dans sa relation à l’héritage d’Israël, dans les premières interprétations de la mort de Jésus ou à travers son rapport au rêve. La suite propose des études sur la connivence, l’indépendance ou les polémiques qui marquent les relations entre les littératures canoniques, apocryphe et patristique. Enfin, l’auteur nous présente, grâce à des recherches conduites au couvent de Sainte-Catherine, au Sinaï, et dans la Bibliothèque romaine, Biblioteca Angelica, deux textes inédits : Prière et apocalypse de Paul et un fragment des Actes de Pierre : « Il y a place, à côté du canon scripturaire et du corpus apocryphe, pour une troisième catégorie, celle des livres ‘utiles à l’âme’ ou ‘profitables à l’âme’ » (p. 9).

Poursuivons avec un autre ouvrage sur le texte biblique [18] : les deux exégètes de renom, Daniel Marguerat (Lausanne), et André Wenin (Louvain-la-Neuve) se sont associés pour montrer la fécondité de quelques outils d’analyse narrative en les appliquant à des textes choisis de l’Ancien et du Nouveau Testament. Les sujets traités sont : la figure du lecteur, l’intrigue, la temporalité du récit, les répétitions, le point de vue, les personnages, le jeu de l’ironie dramatique, la mise en discours et la mise en récit, le lecteur et la fiction prophétique du récit biblique, l’intertextualité et l’élaboration du sens. Avant cela, une introduction passionnante ressaisit le grand intérêt de la narratologie et explicite l’ambition de ce livre : « retrouver à la lecture des récits bibliques des goûts et des saveurs qui donnent envie d’y revenir – comme à un mets que l’on a dégusté avec plaisir et émotion » (p. 35).

Le Père Abbé de Maylis (Landes) nous invite à l’écoute de la pédagogie divine [19]. En s’appuyant aussi bien sur l’interprétation des Pères de l’Église que sur celle des mystiques et des saints d’aujourd’hui, l’auteur relit les scènes d’alliance bibliques proposées par Dieu aux hommes : avec Noé, Abraham, Moïse, Jésus. Puis, il se penche sur leur succession : quelles différences entre ces alliances ? Quelle progressivité de l’une à l’autre ? Vers quel but conduisent-elles ? Les deux derniers chapitres consacrés à l’Église et à la Vierge Marie permettent de mesurer après cette lectio divina combien Dieu « cherche sans cesse à s’ajuster à nous, en éveillant une réponse d’amour de plus en plus profonde et plénière » (p. 14).

« Dieu » dans la théologie du Nouveau Testament, tel est le titre de l’ouvrage de Larry W. Hurtado, professeur à l’université d’Edimbourg [20]. Le premier chapitre fait d’abord un état de cette question rarement abordée jusque là ; les chapitres suivants abordent quelques questions majeures concernant le discours du NT sur Dieu : Qui est « Dieu » ? Dieu et Jésus ; l’Esprit et Dieu. Le chapitre final examine la diversité et la cohérence des discours néotestamentaires sur Dieu, puis le modèle triadique de ces discours et son lien avec la doctrine ultérieure de la Trinité. L’auteur justifie son choix de discuter d’une série de questions plutôt que d’étudier les écrits du NT successivement par la cohérence des questions sur Dieu : à la fois la continuité avec les Écritures juives et la grande nouveauté du « Dieu » de Jésus-Christ.

L’amitié avec Jésus, voici encore un titre éveillant l’intérêt [21]. René Coste, professeur honoraire de l’Institut catholique de Toulouse, complète dès le début de son introduction ce titre : « L’amitié avec Jésus et l’attirance du Crucifié. C’est ce que nous propose la foi du Nouveau Testament et qu’expérimentent ceux et celles qui vivent en profondeur leur adhérence au Christ crucifié et ressuscité, qui vit éternellement dans la gloire de Dieu » (p. 10). L’évangile en son entier – particulièrement celui de saint Jean – atteste que Jésus a voulu être l’ami de tout homme. Pour tenter de bien comprendre en quoi cela consiste, l’auteur scrute les relations de Jésus avec ses disciples, avec les femmes, les enfants, avec les pauvres, les malades, les exclus, les pécheurs. Au chapitre 6, la Transfiguration introduit à la communion trinitaire, et à la révélation de l’amour absolu. Les derniers chapitres recueillent les fruits de ce parcours : « Jésus qui m’as brûlé le cœur » ; Saint Paul, le passionné du Christ ; le visage du Ressuscité. Ce bel ouvrage se termine par « l’audace de sauter au cou du Christ » selon les mots de Karl Rahner (cf. p. 317-319).

Un gros ouvrage en deux volumes vient de sortir dans la collection « Lectio divina » du Cerf : Le Psautier de Jésus [22]. Le dominicain Jean-Luc Vesco en avait fait la promesse lors de la parution en 2006 de son Psautier de David (cf. Vs Cs 2007/3, p. 219). Promesse tenue ! « Il s’agit d’un relevé systématique des citations de psaumes dans les divers écrits du Nouveau Testament et de leur commentaire, afin d’en expliquer l’utilisation et la portée théologique […] Maints livres et articles ont traité récemment la question du rapport entre les deux Testaments. Il ne s’agissait pas pour nous de reprendre ces travaux ni même de les résumer, mais, plus modestement, d’en tenir compte et d’en recueillir les résultats généralement acceptés » (p. 9 et 10). L’introduction fait le point sur l’attente juive au temps du Christ et sur le judaïsme et le Messie, et le premier chapitre expose comment les auteurs du NT ont compris les rapports entre Ancien et Nouveau Testament. Huit chapitres commentent ensuite les citations de psaumes dans le corpus paulinien, puis en Marc, Matthieu, Luc et les Actes des Apôtres, Jean, enfin dans la lettre aux Hébreux, les épîtres et l’Apocalypse. Que l’auteur soit vivement remercié pour ce précieux travail sur le trésor que constituent les Psaumes pour la vie de l’Église.

Un autre livre en lien avec l’Ancien Testament, au titre évocateur [23] : Joseph, l’éloquence d’un taciturne écrit par Philippe Lefebvre, professeur à l’Université de Fribourg. Ce livre se propose d’appréhender, à la lumière de l’Ancien Testament, les textes évoquant Joseph dans les évangiles de Matthieu et de Luc. « Comprendre qu’en Joseph, au début du Nouveau Testament, se déploient des réalités déjà manifestées en Adam dès le début de l’Ancien Testament, c’est immédiatement accueillir Joseph comme un personnage essentiel » (p. 10). Ainsi, Adam, le Joseph de la Genèse, Moïse, David, Urie, Elie et quelques autres éclairent Joseph de lumières inattendues. Joseph apparaît comme l’époux de Marie dont on ne peut le séparer, il apparaît aussi comme précurseur de Jésus, le Fils et l’Époux, « l’Époux qui vient ». Après les deux premiers chapitres de Matthieu et de Luc, on ne parle plus de lui, Joseph laisse Jésus être le Fils qui lui-même disparaitra : « C’est votre intérêt que je parte ; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous » Jn 16,7.

Nous achevons cette chronique avec la Vierge Marie. Le père dominicain, Guy Touton nous offre une véritable somme : Marie. Au plus près des Écritures et dans la Tradition [24]. Une première partie expose les racines de ce Fils qui vient de loin, et une seconde les titres de Marie : la Fille de Sion, la Comblée de grâce, la Bénie entre toutes les femmes, la Vierge, la Mère de Dieu, l’Épouse réjouie, la Nouvelle Eve, l’Immaculée Conception. Les questions actuelles telles que la virginité de Marie, les frères de Jésus, le mal, le péché, originel et personnel, la mort, la souffrance, l’existence d’Adam, sont traitées en cours de route. Tout en employant un style poétique qui lui est propre, l’auteur confronte les diverses interprétations du texte biblique et fouille les données de l’histoire, avec une véritable rigueur théologique et une grande sensibilité liturgique. « Empruntant l’image à l’architecture, le triclinium étant la salle de réception des maisons d’habitation romaines, saint Thomas d’Aquin la [Marie] nomme admirablement « Triclinium totius Trinitatis », le lieu par excellence qui reçoit l’Hôte divin dans la plénitude des Personnes. En elle plus de cloison de séparation, seulement la distinction Créateur-créature […] Marie est un mystère de clarté » (p. 589-590).

[1A. Myre, La Source des paroles de Jésus, Montrouge, Bayard, 2012, 14,5 x 19 cm, 304 p., 21,00 €.

[2P. I. Trigano et A. Vincent, Heureux les pauvres ! Béatitudes de Jésus, révolution hébraïque, Ganges, Réel éditions, 2011, 13,5 x 21 cm, 168 p., 15,00 €.

[3J.-P. Sterck-Degueldre, Jésus a-t-il marché sur les eaux ? Fondements exégétiques pour une didactique des miracles de Jésus, coll. « Se former pour le dire », Bruxelles, Lumen Vitae, 2011, 21 x 27 cm, 176 p., 23,00 €.

[4Fr. Guigain, La récitation orale de la Nouvelle Alliance selon saint Matthieu, Paris, Cariscript, 2012, 21 x 25,5 cm, 312 p., 28,00 €.

[5G. Van Oyen, Lire l’évangile de Marc comme un roman, coll. « Le livre et le rouleau » 38, Bruxelles, Lessius, 2011, 14,5 x 20,5 cm, 175 p., 18,80 €.

[6R. Bugnon, Voyage de Marc en Galilée. Récit imaginaire et romancé de la naissance d’un livre, Saint-Maurice (Suisse), Éditions Saint-Augustin, 2012, 14 x 21 cm, 296 p., 22,00 €.

[7J. Cazeaux, Marc, le lion du désert, coll. « Lectio Divina » 252, Paris, Cerf, 2012, 13,5 x 21,5 cm, 354 p., 32,00 €.

[8V. Jordy, Mgr, La rencontre de Jésus. Un parcours de sainteté en saint Jean, coll. « Épiphanie », Paris, Cerf, 2011, 13,5 x 19,5 cm, 240 p., 15,00 €.

[9Cl. Hélou, Symbole et langage dans les écrits johanniques. Lumières-Ténèbres, coll. « Pensée religieuse et philosophique arabe », Paris, l’Harmattan, 2012, 15,5 x 23,5 cm, 286 p., 29,00 €.

[10A. Mestre, Au fil de la Parole, coll. « Spiritualité », Paris, DDB, 2012, 14 x 21 cm, 286 p., 21,00 €.

[11Chr. Dionne, L’Évangile aux Juifs et aux païens. Le premier voyage missionnaire de Paul (Actes 13-14), coll. « Lectio Divina » 247, Paris, Cerf, 2011, 13,5 x 21,5 cm, 400 p., 35,00 €.

[12J.-F. Bouthors, Paul, le Juif, coll. « Cahiers du Collège des Bernardins » 101, Paris, Parole et Silence, 2011, 14 x 21 cm, 198 p., 14,00 €.

[13J.-P. Lémonon, Pour lire la lettre aux Galates, coll. « Pour lire », Paris, Cerf, 2012, 21 x 21 cm, 140 p., 19 €.

[14Thomas d’Aquin, Commentaire de l’épître aux Éphésiens, Paris, Cerf, 2012, 18 x 23 cm, 400 p., 35,00 €.

[15Y. Redalié, La deuxième épître aux Thessaloniciens, coll. « Commentaire du Nouveau Testament » IXc, deuxième série, Genève, Labor et Fides, 2011, 17,5 x 23,5 cm, 176 p., 32,00 €.

[16P. Mourlon Beernaert, La première encyclique de Pierre. Rendre compte de son espérance, coll. « Écritures » 17, Bruxelles, Lumen Vitae, 2011, 15 x 22,5 cm, 116 p., 18,00 €.

[17F. Bovon, Dans l’atelier de l’exégète. Du canon aux apocryphes, coll. « Christianismes antiques », Genève, Labor et Fides, 2012, 14,5 x 22,5 cm, 408 p., 37,00 €.

[18D. Marguerat et A. Wénin, Saveurs du récit biblique. Un nouveau guide pour des textes millénaires, Montrouge, Bayard, 2012, 14,5 x 19 cm, 372 p., 22,90 €.

[19Fr. You, D’alliance en alliance, Dieu se donne. A l’écoute de la pédagogie divine, Paris, Médiaspaul, 2012, 13 x 20 cm, 248 p., 20,00 €.

[20L.M. Hurtado, « Dieu » dans la théologie du Nouveau Testament, coll. « Lectio Divina » 245, Paris, Cerf, 2011, 13,5 x 21,5 cm, 206 p., 24,00 €.

[21R. Coste, L’amitié avec Jésus, coll. « Théologies », Paris, Cerf, 2012, 14,5 x 23,5 cm, 336 p., 32,00 €.

[22J.-L. Vesco, Le Psautier de Jésus. Les citations des Psaumes dans le Nouveau Testament, tome I et II, coll. « Lectio divina » 250 et 251, Paris, Cerf, 2012, 15 x 22,5 cm, 776 p., 28,00 €. chaque tome.

[23Ph. Lefebvre, Joseph. L’éloquence d’un taciturne. Enquête sur l’époux de Marie à la lumière de l’Ancien Testament, Paris, Salvator, 2012, 15 x 22,5 cm, 272 p., 20,00 €.

[24G. Touton, Marie. Au plus près des Écritures et dans la Tradition, coll. « Sed contra », Perpignan, Artège, 2012, 13,5 x 21,5 cm, 596 p., 39,00 €.

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