Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

La lettre apostolique « Témoins de la joie » du 21 novembre 2014

Jean-Luc Vande Kerkhove, s.d.b.

N°2015-3 Juillet 2015

| P. 163-171 |

« Sans passion rien ne bouge : il n’y a ni art, ni exploit sportif, ni engagement politique. La question est de savoir si nous sommes des passionnés de Dieu, des personnes qui savent communiquer le goût des choses de Dieu aux autres ». Une belle lecture de la Lettre apostolique du Pape François, « Témoins de la joie » (21 novembre 2014). Le Père Vande Kerkhove, grâce à sa longue expérience en terre d’Afrique, propose des pistes de réflexion aptes à « réveiller » nos communautés et nos partages : un préalable indispensable pour que nous puissions à notre tour « réveiller le monde ».

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Dans son message sur la vie consacrée, le pape François nous invite à faire mémoire avec gratitude du passé récent de nos ordres, congrégations, instituts et sociétés de vie apostolique. Dans le sillage du concile Vatican II, ceux-ci se sont engagés à se rénover et à s’adapter au monde d’aujourd’hui en retournant aux sources de la vie chrétienne et à leur inspiration originelle. Ils ont reconnu que la suite du Christ de la manière proposée par l’Évangile devait toujours rester la norme suprême, tout en reconnaissant que chaque fondateur ou fondatrice a vécu cette suite d’une manière particulière, offrant à l’Église la richesse de son charisme. Le retour aux sources a permis de dépoussiérer les congrégations de beaucoup d’incrustations qui en étaient venues parfois à cacher l’esprit des origines. L’histoire même de la vie consacrée témoigne de ce que plusieurs familles religieuses ont connu des réformes.

Malheureusement, il est parfois arrivé qu’on jette le bébé avec l’eau du bain. Nombreux ont été les départs dans la période post-conciliaire. On peut suspecter que certaines personnes étaient entrées dans la vie consacrée pour des motivations peu solides. Il y a sans doute eu aussi un effet d’entraînement et de confusion. On a aussi noté, par ailleurs, un embourgeoisement de la vie consacrée. On s’est rendu compte également que des fonctions comme institutrices ou infirmières pouvaient être exercées avec compétence par des laïcs. Surtout, l’on n’a pas toujours compris que le renouvellement de la vie consacrée devait s’accompagner d’une rénovation spirituelle à laquelle, d’après le concile, il fallait attribuer le rôle principal.

« Faire mémoire avec gratitude du passé récent »

Mais cela ne peut nous faire oublier l’élan qui a saisi les congrégations à retourner à un style de vie plus évangélique, plus fidèle à l’inspiration des débuts, plus soucieux de s’insérer dans la vie de l’Église et du monde. Elles ont réécrit leur règle ou leurs constitutions pour réaliser ce programme. Certaines ont fait des choix courageux, abandonnant parfois des couvents situés dans une zone d’habitation bourgeoise pour aller rejoindre les plus pauvres. D’autres ont relu leur charisme à la lumière des temps nouveaux. Je songe ici aux Mercédaires, nés au Moyen Âge pour se substituer aux captifs chrétiens et qui ont décidé de se consacrer en priorité aux nouvelles formes d’esclavage du monde moderne. Les Jésuites se sont souvenus qu’Ignace ne s’était pas occupé seulement d’enseignement supérieur, d’accompagnement des élites, mais aussi des pauvres, notamment des prostituées, avec la maison Sainte-Marthe à Rome. C’est bien là l’œuvre de l’Esprit Saint qui ne cesse de guider son Église à travers l’histoire des hommes et des femmes. En cette année, nous sommes invités à faire mémoire de toute cette réalité riche tout en reconnaissant aussi les fragilités qui ne manquent jamais et qui sont, selon le pape François, des occasions de grandir dans l’expérience de l’amour miséricordieux de Dieu pour nous.

« Embrasser l’avenir avec espérance »

Cette mémoire de l’histoire récente de la vie consacrée ne doit pas nous enfermer dans le passé plus ou moins glorieux, mais nous ouvrir à une espérance active comme nous le recommande le pape François : « Il ne s’agit pas de faire de l’archéologie ou de cultiver des nostalgies inutiles, mais bien plutôt de parcourir à nouveau le chemin des générations passées pour y cueillir l’étincelle inspiratrice, les idéaux, les projets, les valeurs qui les ont mues ». C’est vrai, la présence des consacrés sur le vieux continent se fait de plus en plus discrète. De moins en moins d’institutions scolaires ou médicales sont aujourd’hui gérées par des consacrés. Des couvents se ferment les uns après les autres. Mais d’autres formes naissent ici et là et de nouveaux types de présence se dessinent, plus humbles, soucieux d’assurer une présence d’Église dans des milieux défavorisés. Les congrégations ont accru leur souci de transmettre leur charisme à des laïcs pour continuer leur œuvre éducative, sociale. Mais surtout, la vie consacrée connaît un essor remarquable dans les églises de plusieurs pays d’Afrique, en Inde, au Vietnam... Et alors que les missionnaires européens étaient venus nombreux dans ces pays, aujourd’hui des consacrés qui en proviennent vont témoigner de l’Évangile en Europe et en Amérique du Nord, témoignant de la catholicité de l’Église. N’est ce pas là un signe que la vie consacrée n’appartient pas au passé, mais qu’elle continue à avoir un sens aujourd’hui ?

« Vivre le présent avec passion »

Sans doute, mais à quelle condition ? Ne risquons-nous pas, nous aussi, de connaître tôt ou tard le même sort que nos frères et sœurs du vieux continent ? C’est là que nous rejoint la troisième invitation du pape : nous sommes conviés à vivre le présent avec passion dans le sillage des fondateurs, de façon à réveiller le monde. C’est sur cette troisième invitation que je voudrais m’attarder. Vivre le présent, qu’est-ce à dire ? C’est ne pas se réfugier dans le passé ni dans l’avenir, c’est regarder autour de soi les hommes et les femmes qui nous entourent, leurs souffrances, leurs joies, leurs attentes, c’est reconnaître l’appel de Dieu qui se manifeste dans les événements, c’est sortir de notre moi pour nous laisser interpeller par les autres et par l’Autre qui est Dieu. Trop souvent nous passons à côté du présent parce que la nostalgie du bon vieux temps nous prend ou parce que nous voulons nous enfuir dans un futur imaginaire pour nous échapper de la réalité parfois dure de notre vie et de celle des autres. Il n’est pas rare d’entendre des consacrés d’un certain âge regretter un passé où la vie était plus paisible, plus assurée, moins compliquée qu’aujourd’hui. C’est compréhensible, mais cela ne devrait pas conduire à croire qu’il n’y a pas d’avenir et surtout pas à nous détourner du présent avec ses défis. Rendons grâce à Dieu d’avoir pu bénéficier de ce temps pour consolider notre vocation et témoigner auprès de nos frères et sœurs plus jeunes.

Ce présent, nous dit le pape, il faut le vivre avec passion. Sans passion rien ne bouge : il n’y a ni art, ni exploit sportif, ni engagement politique. La question est de savoir si nous sommes des passionnés de Dieu, des personnes qui savent communiquer le goût des choses de Dieu aux autres. Ne risquons-nous pas trop souvent de devenir des fonctionnaires qui se contentent d’accomplir les tâches qui nous sont confiées de manière mécanique, comme un simple moyen d’obtenir de l’argent pour nos besoins personnels ? Quand vous rencontrez un passionné, il peut parler des heures de ce qui le passionne ; il traversera tout pour réaliser sa passion. Pourrait-on en dire autant de nous du point de vue religieux ? Le goût des choses de Dieu doit se voir dans notre prière et dans le zèle avec lequel nous accomplissons notre mission. Quel temps y consacrons-nous ? Avec quelles dispositions ? Je crois que les gens autour de nous sentent très bien ce qui nous anime. Il y a malheureusement des consacrés qui se contentent du service minimum.

Un des signes extérieurs de la passion pour Dieu, comme nous l’a rappelé le pape François, c’est la joie, la joie de vivre et de communiquer l’évangile, la joie de vivre sa vocation. Dans sa lettre aux consacrés, le pape François affirme qu’« une sequela triste est une triste sequela ». L’égoïsme, le repli sur soi, créent la tristesse, car on n’est jamais satisfait par rapport à tous ses besoins. Le don de soi, la recherche de l’essentiel procurent la paix du cœur. « Que rien ne te trouble » disait la grande Thérèse. Peut-on dire aujourd’hui que les consacrés sont des personnes paisibles ? N’a-t-on pas parfois l’impression qu’ils s’agitent pour beaucoup de choses, mais lesquelles : le pouvoir, l’avoir, la recherche d’affectivité désordonnée ? D’où les réunions en petits comités, les compensations de toutes sortes, les réclamations interminables, les accusations réciproques... même de sorcellerie. Un vrai disciple de Jésus ne devrait-il pas accepter de porter sa croix, sa souffrance plutôt que de créer des divisions et de soupçonner ses propres confrères ou consœurs ? Jésus n’a pas sauvé le monde en l’accusant, alors même qu’il mourait à cause de ses péchés, mais en l’aimant, en pardonnant. C’est là la vraie libération de nos peurs : la confiance en Jésus qui nous sauve même au-delà de la mort et non la multiplication des protections quasi magiques, s’agit-il même de prières créées à cet effet...

« Dans le sillage des fondateurs »

Il nous faut vivre le présent avec passion dans le sillage de nos fondateurs. Leur vie est une page d’évangile qu’il nous faut réécrire pour aujourd’hui en tenant compte des nécessités de notre temps. Mais pour qu’il en soit ainsi, nous devons d’abord les connaître, lire leur vie, leurs écrits, ceux des consacrés qui se sont inspirés d’eux et ont vécu le charisme de manière authentique. Trop de fois nous considérons que c’est là l’affaire du noviciat, de la formation initiale. Si nous parcourons les communautés aujourd’hui, n’a-t-on pas parfois l’impression que les frigos et les garde-robes sont plus remplis que les bibliothèques ? Combien de temps passe-t-on à la lecture et à quelle lecture ? Plusieurs congrégations ont pourtant fourni l’effort pour publier et traduire les écrits des fondateurs ou fondatrices, leur vie, celle d’hommes et de femmes qui ont vécu leur charisme dans les endroits les plus divers. Et si ce n’est pas le cas, il y a peut-être là un effort que nous devons fournir. Cela nous permettra de ressembler un peu plus à ces hommes et ces femmes animés par l’Esprit, de trouver chez eux l’inspiration pour affronter les nouveaux défis du monde d’aujourd’hui. Le pape François écrit que « l’imagination de la charité n’a pas connu de limites et a su ouvrir d’innombrables chemins pour porter le souffle de l’Évangile dans les cultures et dans les milieux sociaux les plus divers ». Cette imagination ne devrait pas tarir, s’essouffler, mais nous aider encore aujourd’hui à ouvrir des chemins nouveaux.

« Réveiller le monde »

Si réellement nous vivions notre consécration comme nous le demande le pape, alors nous devrions réveiller le monde. En réalité nous paraissons parfois plus vouloir copier ce monde avec tout ce qu’il offre que vouloir le réveiller. Mais le réveiller, qu’est-ce que cela peut vouloir dire ? Le monde a tendance à se replier sur soi, à s’assoupir. Il finit par trouver normales l’injustice, l’exclusion, la jouissance égoïste. Il ferme les yeux sur la violence, l’exploitation des petits. Il se construit sans Dieu sur le pouvoir de l’argent, des armes, de la manipulation. Réveiller le monde c’est alors vivre les valeurs du Royaume : donner le témoignage d’une vraie fraternité, s’engager pour la justice, donner le primat à Dieu. Construire une vraie fraternité, voilà certes un premier défi dans un monde plus que jamais divisé. C’est le premier témoignage au service de l’évangélisation. La fraternité est un don de Dieu à faire fructifier jour après jour par le partage, la communication, l’attention à l’autre, la solidarité. Le paradoxe est qu’au moment où nous disposons des moyens de communication les plus performants – téléphones, smartphones, tablettes, sans oublier les réseaux sociaux sur internet –, la qualité de la communication dans la communauté n’a pas connu la même progression, pour ne pas dire qu’elle a reculé. On peut appeler quelqu’un au bout du monde, mais on oublie d’informer son supérieur ou son confrère quand on a un empêchement communautaire. Quand on se trouve à table, si on s’y trouve ensemble, on n’a rien à partager, on guette son téléphone ou son smartphone, on parle seulement de sport, de politique ou de musique ou des derniers racontars. Comme il est beau pourtant d’échanger sur ses expériences pastorales, de s’enquérir des proches d’un confrère, d’une consœur, de partager des nouvelles de la congrégation !

Réveiller le monde, c’est s’engager pour la justice dans une société où les plus pauvres sont souvent laissés à eux-mêmes, sans possibilité de défendre leurs droits. Les préoccupations pour notre sécurité, pour notre confort risquent de nous rendre insensibles aux cris de ceux qui nous entourent. Ce souci de la justice doit commencer par le respect des droits de nos employés. Il doit s’étendre aux gens autour de nous. À travers notre œuvre d’éducation et de formation, nous sommes invités à leur faire comprendre leurs droits et à nous organiser pour les défendre. Nous pouvons prêter notre voix aux sans voix pour dénoncer ce qui est contraire à la dignité de la personne. Une vraie solidarité devrait caractériser notre action, car c’est là, entre autres, que se joue notre crédibilité. Les discours sur l’autofinancement, sur la bienfaisance locale, pour justes qu’ils soient, ne doivent pas dévier vers la recherche du confort pour soi sans souci des autres.

Je suis frappé de voir combien dans les conversations ou les discussions, on se réfère plus à une poignée de compatriotes qui ont réussi dans la vie qu’à la grande majorité de pauvres de nos périphéries ou de la brousse. Dans le feuillet du CRI [1], nous avons repris deux articles sur les creuseurs et sur les déplacés de notre province du Katanga. On peut bien vivre à Lubumbashi, parcourir le centre-ville, le golf, entrer dans le nouvel Hyper-psaro et penser que désormais, nous-y sommes. Nous devons nous secouer au moins de temps en temps, nous l’avons fait dans le passé face à des urgences, mais il ne faut ne pas relâcher notre attention. Alors nous pourrons réveiller le monde enfermé dans la satisfaction égoïste de son bien-être. Alors nous pourrons, comme les prophètes de la Bible, dénoncer ce qui dans ce monde est contraire aux valeurs du royaume de Dieu.

Comment se former ?

Ici, je voudrais insister sur la nécessité de nous former à l’analyse économique et sociale, non pas pour nous limiter à elle, mais pour mieux comprendre et lutter contre les mécanismes qui engendrent la pauvreté et l’exclusion. Pourtant les instruments ne manquent pas. La revue Congo-Afrique du CEPAS nous informe bien de ces réalités, mais combien de nos communautés y sont abonnées ? Nous avons souvent beaucoup de bonne volonté, mais nous manquons d’un sain esprit critique qui nous permettrait d’agir efficacement dans la défense des plus démunis. Notre culture politique – j’entends par là la compréhension du fonctionnement d’un état démocratique, le jugement sur les capacités à avoir pour bien diriger un pays – est souvent limitée. Quand, dans une déclaration « Protégeons notre pays » de 2014 [2], notre Église prend position en recommandant le respect de la constitution en vue de garantir un bon avenir pour le pays, combien d’entre nous s’informent, font connaître cette déclaration ? Le pape invite aussi les instituts religieux à se mettre ensemble pour des projets de formation, d’évangélisation et d’interventions sociales. Ne sommes-nous pas trop souvent surtout préoccupés de nos œuvres, de nos présences ?

Réveiller le monde, c’est l’ouvrir à la réalité de Dieu notre créateur et notre sauveur. Là nous touchons à l’essentiel, à ce qui motive tout le reste. Nous ne sommes pas des O.N.G., encore moins des hommes d’affaires ou des politiciens ! Nous devons témoigner du primat de Dieu dans notre vie. La radicalité évangélique nous fait choisir Dieu à la suite du Christ comme notre bien suprême. Le pape François le dit avec des mots simples : « Jésus est-il notre premier et unique amour ? » Nos trois vœux, ce qui nous lie, nous tous les consacrés, à Dieu et entre nous, devraient être la manifestation de cet appel et de ce choix de mettre Dieu au-dessus de tout. Pourtant, je l’ai dit plus haut, bien des crises, de la vie en communauté semblent surgir de ce qu’on s’éloigne du vécu de nos vœux. Des jalousies, des rancœurs naissent autour de l’argent, de l’utilisation des moyens de la communauté, des nominations à tel ou tel poste plus prestigieux ou plus rémunérateur. Le pape François dénonce fermement ces attitudes : « Les critiques, les bavardages, les envies, les jalousies, les antagonismes sont des attitudes qui n’ont pas le droit d’habiter dans nos maisons. » On vit plus sa vie affective en dehors de la communauté qu’au-dedans, on investit plus ses énergies et ses moyens au-dehors. Je suis convaincu qu’il existe un lien entre la qualité du vécu des vœux et celle de la vie fraternelle. Comment celui qui ne cherche que ses intérêts, l’accomplissement de sa volonté propre, la satisfaction de son plaisir pourrait-il être à l’écoute de l’autre, être solidaire avec lui, communiquer en profondeur, humaniser la vie commune ? Bien sûr il ne s’agit pas ici d’une observance purement formelle des vœux, mais d’un vécu authentique par amour du Christ qui le premier a appartenu complètement à son Père et a fait de nous ses frères et sœurs. La priorité de Dieu doit se manifester dans la gestion de nos rapports avec la famille, avec le monde extérieur. Notre souci pour les nôtres ne doit pas nous détourner de la prière, de la communauté, de la mission. Cette priorité doit être reconnaissable au détachement par rapport aux biens et à notre volonté propre en vue de la disponibilité à la mission.

Le risque existe d’une dilution de notre identité religieuse quand nous prenons le monde extérieur comme modèle, comme critère de notre bien-être. Les gens qui nous entourent, surtout les chrétiens, n’attendent pas de nous que nous soyons comme eux, mais que nous soyons des hommes et des femmes de prière, des hommes et des femmes qui ont du cœur pour leur prochain, des hommes et des femmes qui n’ont pas peur de s’engager pour la justice parce que mus par l’Esprit du Christ et libres par rapport à la famille, aux biens, à notre propre volonté. Pour nous aussi vaut l’avertissement du Christ : « Si le sel perd de sa saveur avec quoi le salera-t-on ? » Quel goût donnerons-nous au monde si nous devenons comme des caméléons qui prennent la couleur de leur environnement ? Pour réveiller le monde il faut avoir le courage d’assumer notre différence sans complexe et dans la joie. Cela va de notre manière de nous habiller à la façon de nous détendre, des renoncements qu’implique notre état aux choix que nous devons faire. Nous ne devons pas avoir honte de ce que nous sommes, de dépendre d’une communauté, de ne pas avoir les gadgets dernier cri, de devoir dire non à certaines sollicitations qui nous conduisent loin de notre projet de vie.

J’ai sans doute été un peu dur dans certains points de mon diagnostic. Je sais qu’il y a aussi beaucoup de générosité, de sens de la prière, d’engagement chez les consacrés, mais nous devons rester sur nos gardes, surveiller les tendances qui peuvent nous éloigner de notre idéal. Alors, la vie consacrée aura encore un bel avenir devant elle au service de Dieu, de l’Église et du monde.

[1Centre pour la réflexion et l’information, Lubumbashi.

[2Message de la Conférence épiscopale nationale congolaise (CENCO), suite à sa 51e Assemblée plénière, le 2 juillet 2014.

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