Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Chronique sur la vie consacrée

Rencontres et lectures récentes

Noëlle Hausman, s.c.m.

N°2009-1 Janvier 2009

| P. 55-66 |

Naviguer sur internet, sceller une nouvelle alliance avec les laïcs, construire un réseau contre le trafic d’êtres humains… La vie consacrée, intéressée aux Propositions du récent Synode sur la Parole de Dieu, encouragée par le Pape à ne rien faire passer avant l’amour du Christ, poursuit ses chemins multiformes, tandis que prolifèrent à son propos les récits à géométrie variable et que les meilleures revues, comme Eglise et vocations, lui consacrent des numéros spéciaux. Nous commençons cette chronique annuelle par quelques lectures, au premier rang desquelles l’ouvrage posthume de Sœur Emmanuelle, à qui il nous a paru urgent de faire justice, après sa mise en scène insolite par certains médias. Dans une deuxième partie, nous évoquerons plus à loisir quelques événements (et ouvrages) récents, touchant en particulier les Focolari, les instituts séculiers, et last but not least, l’ordre des vierges.

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Naviguer sur internet, sceller une nouvelle alliance avec les laïcs [1], construire un réseau contre le trafic d’êtres humains… La vie consacrée, intéressée aux Propositions du récent Synode sur la Parole de Dieu, encouragée par le Pape à ne rien faire passer avant l’amour du Christ [2], poursuit ses chemins multiformes, tandis que prolifèrent à son propos les récits à géométrie variable et que les meilleures revues, comme Église et vocations [3], lui consacrent des numéros spéciaux [4]. Nous commençons cette chronique annuelle par quelques lectures, au premier rang desquelles l’ouvrage posthume de Sœur Emmanuelle, à qui il nous a paru urgent de faire justice, après sa mise en scène insolite par certains médias. Dans une deuxième partie, nous évoquerons plus à loisir quelques événements (et ouvrages) récents, touchant en particulier les Focolari, les instituts séculiers, et last but not least, l’ordre des vierges.

I. Lectures

Belle opération commerciale que la sortie de ces Confessions d’une religieuse [5], trois jours après la mort de la plus connue des chiffonnières du Caire, avec la prétention d’être le premier et le dernier de ses écrits… Il n’empêche que la présentation hasardeuse répercutée par les médias ne correspond pas au contenu. Si le jeune Madeleine Cinquin décrit sa compulsion masturbatoire, c’est pour affirmer que la tentation ne l’a plus jamais vaincue, depuis son entrée au noviciat (26) ; si elle révèle un « sentiment caniculaire » envers son digne professeur de grec, l’affaire s’ensabla (36) ; si elle joue un soir à la prostituée, c’est pour se faire reconduire paternellement chez elle, grâce aux secours humains et célestes qui ne lui manqueront jamais (52) ; et si dans la vie religieuse, elle s’est un jour sentie envahie d’un amour passionné pour une religieuse plus âgée (81,) c’est bien entendu pour voir sa fièvre diminuer à mesure de son engagement apostolique. Etc, peut-on dire, pour couvrir d’un coup tout le reste, « nuit de feu » (161) phantasmatique y comprise. Le deuxième des trois « livres » que comporte l’ouvrage semblera plus connu, puisqu’il couvre les années du bidonville. Le troisième reprend les « confessions » sur un autre mode, plus intérieur et un peu répétitif ; c’est aussi la découverte tardive qu’elle « n’était pas pauvre », tant qu’elle n’acceptait pas sa faiblesse (348), et que rien n’est acquis quand le « plus grand amour » a pourtant été expérimenté (362). Il faudrait relire cette vie pour ce qu’elle offre de la trajectoire ordinaire, magnifique et dérisoire, d’une religieuse comme les autres, mais ici, trop confiante dans un entourage par trop intéressé.

Préfacé par l’Abbé général des Cisterciens, orné d’un avant-propos de l’Abbesse de Boulaur, un délicieux cahier [6] reproduit une nouvelle traduction (achevée par le Père P. de Cornulier, de Saint-Benoît de Port-Valais) des célèbres Dialogues de Grégoire le Grand, mais surtout, une abondante série d’illustrations qui en font tout le charme. On trouve dans cette mise en image d’un vénérable monument monastique, une interprétation naïve sans être enfantine. Qui feuillette cet album s’en trouve non seulement réjoui, mais ragaillardi, et pour ainsi dire, consolé [7].

Le Centre Sèvres poursuit la riche histoire de ses sessions sur la vie religieuse avec ce cahier dédié à l’internationalité, sinon à la mondialisation [8]. Après une réflexion de la supérieure générale des Filles de la Charité (E. Franc) [9], le même thème est étudié dans l’Ordre cistercien [10], avec sa source dans le chapitre 35 de la Règle de saint Benoît (O. Quénardel), puis chez les Frères de l’Instruction chrétienne de Ploërmel (J. Pétillon), confrontés comme d’autres à la question d’une éventuelle autonomie de branches plus jeunes. Après ces apports plutôt pratiques, M. Fédou analyse en théologien les nouveaux visages de la catholicité et Ph. Lécrivain propose aux instituts une catholicité de communion. Du point de vue du gouvernement, une vocation à l’inculturation et des choix se dessinent (Chr. Lorcy), avec des incidences touchant aussi la formation (M. Caniou) ; un « service de la vie internationale » (F. Schill) est d’ailleurs créé depuis 2006 auprès de ce qu’on appelait encore la CSM. Les problèmes posés à la vie religieuse par cette internationalité sont enfin évoqués, sous le mode de l’expérience personnelle, par J.-Y. Calvez ; ainsi, « dans ce monde de constant déplacement […], n’est-il pas opportun qu’une part en tous cas de la vie religieuse, même apostolique, fasse l’option inverse d’un enracinement local […] pour freiner l’instabilité de l’internationalisation mondialisante ? ». On ne saurait mieux dire.

Le onzième volume du monument que le Père A. de Vogüé édifie en l’honneur du mouvement monastique ancien [11] est dédié à ses confrères de La Pierre-qui-vire, avec lesquels il avait partagé trente années de vie commune, avant les trente années de vie solitaire que cette étude célèbre si joliment. L’ouvrage présente, comme les autres, quatre tables (des citations scripturaires, des auteurs anciens, des noms propres, des mots latins ou latinisés) et comme les autres, il situe des documents quasi oubliés dans leur mouvement (ici, le sillage de Benoît, Grégoire et Colomban). « En Gaule et en Italie, d’une part, le monachisme irlandais continue de porter ses fruits, avec la Règle de Donat de Besançon et une autre législation féminine, ainsi que l’importante œuvre hagiographique de Jonas de Bobbio. En Espagne d’autre part, après les avis donnés par Léandre à sa sœur Florentine, leur frère Isidore de Séville compose sa Règle pour un monastère et plusieurs autres textes concernant les moines. Autour […] apparaissent […] une série de Vies – celles des Pères de Mérida, d’Emilien, de Fructeux de Braga – ainsi que des Règles, composées par le même Fructueux ou anonymes, auxquelles s’ajoutent des écrits divers »(Postface). Au passage, relevons ces pratiques qu’on croyait nouvelles (comme le monachisme urbain, 274) ou ces exclusions des laïcs de l’Eucharistie qu’on ne savait pas si anciennes (83).

Le volume suivant n’a pas tardé [12]. « Ce tome XII de notre Histoire littéraire du monachisme latin sera le dernier… En commençant cette Histoire il y a une quinzaine d’années, je réservais la possibilité d’y inclure, dans une seconde partie, le monachisme grec et oriental. A présent, l’heure est venue d’entreprendre cette nouvelle tâche, que d’autres pourront mener à son terme après moi » (9). Ainsi débute, sur l’annonce d’une fin et d’un recommencement, l’ultime volume d’une puissante fresque dont nous avons eu souvent l’occasion de présenter les tableaux successifs (avec un seul regret, portant sur l’absence de cartes). Nous sommes ici devant une délicieuse série de vingt petits chapitres qui courent des conciles de la Gaule au milieu du VIe siècle, aux vies de Columba, de Cuthbert, à toutes celles qu’écrivit Bède, mais aussi à Grégoire, à Paul Diacre, à Boniface, puis à la Règle canoniale de Chrodegang, et enfin, à Benoît d’Aniane. Après quoi, la postface indique comment le monachisme latin va se trouver polarisé par la Règle bénédictine, ce code qui « sera le principal trait d’union entre le monachisme latin de l’Antiquité et celui des époques médiévale et moderne ». Un précieux appendice collecte les Règles monastiques anciennes (400-700), avant les index usuels. Si l’on s’amuse souvent de remarques obliques (sur le martyre de la vieillesse, 157 ou les pseudo-abbés qui passent de leur monastère à celui de leurs épouses, 160), on ne pourra plus ignorer comment, de réforme en réforme, « le monachisme, comme l’Église, n’a pas d’autre source » que l’Écriture et la Tradition (21).

Dans un genre bien plus mineur, l’histoire de la vie monastique [13] que vient de nous proposer l’auteur du Dictionnaire des miracles et de l’extraordinaire chrétiens (Fayard, 2002) et coauteur du Dictionnaire des apparitions de la Vierge (Fayard 2007) – non sans référence à ses propres études – représente une traversée élémentaire de l’aventure monastique, depuis le monachisme non chrétien, le Nouveau Testament et les premiers législateurs, jusqu’aux Fraternités monastiques de Jérusalem (« un exemple inventif »). Une série de petits chapitres donne ainsi, sans autre prétention, le goût d’aller plus loin dans des directions suggestives, comme l’apparition au IIIe siècle des « premières formes de vœux à caractère privé, non perpétuels » (36) ou la réforme menée par les Capucins (ch. 19). Quelques encarts pédagogiques sont répertoriés, avant une intéressante bibliographie, proposée cependant sans souci de classification.

Les Actes officiels du 33e Colloque du Centre d’Études et de Recherches Prémontrées [14] qui s’est tenu à Freckenhorst (Allemagne) en 2007 sont richement édités par le Centre d’Études lui-même. Pour la première fois, l’Abbé général, le Père Thomas Handgrätinger, s’est joint à la rencontre de ces « prémontréphiles » qui d’année en année, étudient l’immense patrimoine de l’Ordre, visitent les sites d’Europe et partagent, sous la présidence de Martine Plouvier, laïcs et chanoines confondus, leur passion pour l’histoire particulière et la spiritualité spécifique de Prémontré. Avec les chronologies et les cartes d’usage, on trouve dans ce volume toutes les interventions centrées sur le noviciat, la formation et l’enseignement chez les fils de saint Norbert – un sujet qui dépasse de loin la famille spirituelle propre. On notera particulièrement, en plus du panorama de l’Ordre aujourd’hui dans le monde par l’Abbé général lui-même, le sondage du Père B. Ardura pour la formation au XXe siècle, et le partage de l’expérience du Père F.-M. Humann, maître des novices dans une abbaye éprouvée, d’époque en époque, par de nombreux départs. Mais au total, c’est là une excellente illustration des synergies possibles entrer laïcs et religieux, pour la joie de tous.

Même si cet espèce de roman est certifié véridique, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’authenticité des aventures contées dans un ouvrage publié en 1962 déjà pour sa version anglaise, revu pour sa version allemande en 1990 et qui vient d’être proposé au public francophone [15]. On s’attache évidemment au héros franciscain (1916-2003) qui fut sauvé de tous les dangers par des interventions toujours plus marquées et de certaines religieuses (154, 266, 287, 314, 316) et du Pape Pie XII lui-même, quand ce n’est pas des plus hautes instances nazies ; mais que de « blancs » dans ce puissant et rocambolesque récit. L’ombre de l’abbé Franz Stock est croisée, au passage, et on nous pardonnera de saluer son étrange destin avec plus de respect encore qu’un témoignage ici présenté par les éditeurs comme édifiant.

Qui connaîtrait sainte Amandine sans la divulgation (qu’on espère bientôt en couleurs) de cette bande dessinée [16] que l’on doit au brio du jeune Geert de Sutter ainsi qu’au dynamisme de l’éditeur, le Frère R. Francart, s.j. ? Voici le seul exemple de sainte belge – on veut dire, depuis l’indépendance du pays en 1830 –, née dans le Limbourg, entrée chez les Franciscaines missionnaires de Marie, martyrisée durant la révolte des Boxers, à vingt-trois ans (en 1900) et canonisée le 1er octobre 2000. Plinneke de Schakkebroek est donc ici présentée aux jeunes (le cahier central comporte même un jeu d’observation) et l’on voudrait en savoir plus sur cette fulgurante trajectoire, prémices de l’aurore qui se lève aujourd’hui sur l’Église de Chine.

Ancien Abbé général des Cisterciens de la Stricte observance, dom B. Olivera construit, sous ce titre en miroir, une méditation sur le premier des conseils évangéliques [17] qui relève de la structure en chandelier (18), mais consiste surtout en 234 sentences plus ou moins inspirantes. On ne sait si les considérations sur le développement des deux hémisphères du cerveau (25) ou le système limbique (56) valent autant que la psychologie invoquée (58, 80) ou l’histoire reconstruite (99), mais on se permettra d’être ici et là perplexe au sujet de leur application.

Sous un titre plus évangélique que significatif [18], l’excellente étude d’un jeune Dominicain néerlandais établi au Québec permet de revisiter toute la question des charismes chers aux communautés religieuses, depuis Vatican II. L’abondante bibliographie vaut à elle seule le détour ; mais l’analyse sociologique et théologique des « figures fondatrices » représente, dans sa brièveté, une sorte de réussite, comme en témoigne, à la fin, le chapitre consacré à la pérennité des communautés : les « figures fondatrices » vont-elles « attirer des disciples », « nourrir la vitalité », « faire obstacle à la pérennité » ? C’est qu’on peut disparaître par trop ou trop peu de fidélité, mais aussi, en quelque sorte, par « la volonté de Dieu ». Un tout petit ouvrage, qui montre à quel point les charismes sont « une notion-clé de notre cartographie théologique ».

Pour finir cette première partie, signalons encore que le Père G. Muchery a renouvelé l’édition de son « guide des vocations dans l’Église » [19], ouvrage toujours utile, même si (ou parce que) il ne prétend pas à la dernière précision. Un index final rend possible la consultation par « matières » de ce livre en quatre volets : un grand projet (la sainteté pour tous, mais différenciée) ; à chaque époque, de nouveaux chemins (la virginité, le monachisme, le mariage…) ; à l’école des familles spirituelles (d’Augustin à Charles de Foucauld, puis aux autres confessions chrétiennes) ; discerner et choisir (la plus pratique de ces « parties »). Des adresses utiles (en France) permettent pour finir de poursuivre la route, notamment dans la vie consacrée ; mais tout le « guide » est destiné aussi bien aux autres vocations chrétiennes. A consulter !

II. Événements

Commençons par mentionner la XXIIe Rencontre interconfessionnelle et internationale de religieux et religieuses au Monastère de Sobrado (Espagne), du 12 au 18 juillet 2008 [20]. Chaleureusement accueillie dans ce Monastère cistercien de Galice, la rencontre, présidée par Mgr Athénagoras Peckstadt, avait pour thème « La force du nom du Christ, cœur du monde ». On trouvera sur les sites ad hoc les interventions de plusieurs protagonistes (www.eglise-orthodoxe.be) dont le Métropolite Stéphanos, connu de notre revue, méditant sur « La force de son nom, la prière du cœur », ainsi que la conférence de l’Archimandrite Job Getcha, « Comment témoigner du Christ dans un monde qui ne croit pas ? ».

Mouvements : Focolari

« Les Focolari sont des vies consacrées… ». C’est par ces mots que nous a été envoyé un attrayant numéro spécial du mensuel Nouvelle Cité [21]. On sait que le décès de Chiara Lubich, le 14 mars 2008, a vu passer, le 7 juillet, la direction du mouvement à Maria Voce (Giancarlo Faletti étant élu vice-président). Mais déjà dans ces pages, on visait à tirer le bilan d’une présence d’un mouvement au rayonnement « interreligieux et mondial ». Association de fidèles de droit pontifical (depuis le 15 mars 2007), « l’œuvre de Marie », célèbre pour ses vacances-fêtes-ressourcements appelés Mariapolis, a aussi rendu visible la fraternité dans des cités pilotes (Rotselaar, en Belgique ; Montet, en Suisse ; Fontem, au Cameroun ; Arny, en France…) où l’on peut vivre la vie du Christ. Les jeunes, les familles, les religieux eux-mêmes peuvent se rencontrer dans cette spiritualité de l’unité qui vise aussi l’œcuménisme de la vie et le dialogue avec tout homme croyant. Plus récemment, la fameuse « économie de communion » implique des entreprises sur les cinq continents, elle s’investit dans le micro-crédit, refuse le harcèlement moral, œuvre contre la disparition d’enfants… Avec cela, la maison d’édition « Nouvelle Cité » publie, outre le mensuel, des livres (plus de cinq cents), le trimestriel Connaissance des Pères de l’Église, la fameuse collection prier 15 jours avec… (plus de cent volumes) et, en plus des écrits de Chiara Lubich elle-même, l’intégrale des écrits spirituels de Charles de Foucauld (17 volumes), les œuvres complètes de Madeleine Delbrêl… Vraiment, les Focolari forment « la fraternité au quotidien ».

Sur les instituts séculiers

La revue trimestrielle de la Conférence mondiale des Instituts séculiers (CMIS) a publié, en 2007, les actes du Symposium qui s’est tenu à Rome, les 3 et 4 février, pour commémorer le soixantième anniversaire de la constitution Provida Mater par laquelle Pie XII donnait à cette forme de vie consacrée ses lettres de créance – la livraison est agrémentée de schémas et de photographies en couleurs [22]. A l’enseigne du thème « Ce temps est le nôtre », la présidente mondiale Ewa Kursz a vigoureusement planté le décor et tracé la géographie des instituts séculiers. Ainsi on apprend qu’à la fin de 2005, 215 instituts étaient reconnus dans le monde, 183 féminins (27.553 membres, 2.103 en formation) et 25 masculins (4.167 membres, 677 en formation) ; chez les femmes, les instituts de droit diocésain dominent ; chez les hommes, les instituts de droit pontifical sont presque aussi nombreux que les autres, mais les instituts cléricaux des deux types représentent les neuf-dixièmes du total. Par ordre d’importance, ces instituts sont situés en Europe (surtout de l’Ouest, et principalement en Italie) où ils sont nés, en Amérique, surtout latine (où les candidats sont les plus nombreux), en Afrique (qui a la meilleure proportion entre membres et candidats), en Asie et en Océanie. Si le nombre des candidats est stable, le nombre de membres a diminué de 10 % en dix ans, encore que le nombre de membres des instituts masculins laïcs augmente (17 %), ainsi que celui des instituts à diverses branches (11 %). Mgr Gianfranco A. Gardin, secrétaire de la CIVCSVA, a encouragé ces « consacrés séculiers » qui souffrent parfois de l’« aridité vocationnelle qui frappe toutes les formes de consécration spéciale », à être pour l’Église des « laboratoires d’expériences » (le mot est de Paul VI) où pourraient se vérifier les modalités concrètes d’un rapport avec le monde, marqué par la « faible visibilité institutionnelle » qui leur est inhérente. Le Cardinal G. Cottier a exposé les aspects théologiques de cette consécration séculière en retournant aux écrits johanniques. L’audience pontificale accordée au Symposium, le 3 février 2007, a indiqué à ces « alpinistes de l’esprit » (une autre expression de Paul VI) que leur lieu apostolique « est tout ce qui est humain, que ce soit au sein de la communauté chrétienne ou dans la société civile ». Le brillant commentaire de la « Lettre à Diognète » par le professeur Luigi F. Pizzolato montre dans l’appartenance du fidèle à l’Église la synthèse des raisons de distinguer le fait d’être dans le monde et de ne pas être du monde. Sœur Sharon Holland, de la CIVCSVA offre une réflexion canonique complète sur les instituts séculiers, qu’elle voit faisant du Christ le cœur du monde ; son étude traverse la préparation du nouveau Code et son aboutissement dans les canons 713 et 714 en particulier ; elle note aussi que l’incardination des membres clercs dans l’institut n’a plus été concédée depuis la promulgation de 1983. Une table ronde, présentée et conclue par Sœur Enrica Rosanna, Sous-Secrétaire de la CIVCSVA et présidée par Mgr Stanislaw Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs, permet ensuite de faire un tour du monde de la situation, notamment aux Philippines, en Italie, en Pologne, en République démocratique du Congo, au Québec, en Argentine. Le Cardinal Frank Rodé ouvre encore la réflexion sur l’identité des instituts séculiers et leur actualité : « aucune condition de vie ne peut vous être étrangère », puisqu’il s’agit toujours de faire de l’histoire des hommes une histoire sainte. Comme dit la Présidente, pour finir : « il appartient à la nature de notre vocation d’être dans le monde de manière peu visible, et – pourrait-on dire – peu bruyante, mais non marginalisée ».

Sous le beau titre Pleinement consacrés et pleinement dans le monde, la Conférence nationale des Instituts séculiers de France a, elle aussi, publié les actes du Colloque organisé, le 14 mai 2006, pour la même circonstance [23] ; le Symposium dont nous venons de parler y étant cité p. 29, nous respectons l’ordre de publication en présentant maintenant ce colloque, même si la rencontre a précédé les journées romaines dont il vient d’être question. Nadège Védie, présidente de la Conférence, indique en ouverture qu’en France sont présents trente-cinq instituts séculiers, pour environ trois mille membres (hommes, femmes, prêtres diocésains). Elle présente ensuite les cinq experts auxquels il était demandé d’« actualiser la nouveauté de cette synthèse entre vie séculière ordinaire et consécration » (11). Et de fait, c’est avec talent que chacun s’est acquitté de la tâche. Jean-Paul Durand, pour distinguer « ces deux sanctifications, séculière et religieuse », enracinées dans la consécration baptismale, trouve d’heureuses formules, comme celle-ci : « les consacrés séculiers ne changent pas d’état de vie, tout en changeant leur vie séculière mondanisée en vie séculière évangélisée pour y imiter le Christ, en particulier en matière de célibat, de pauvreté et d’obéissance spirituelle » (16). Jean-Marie Donegani offre une pertinente analyse sociale, qui permet certaines clarifications : sur la modernité (« l’invention de la sphère privée »), la sécularisation (« une autre manière d’être religieux »), le relativisme (« la conviction que toute vérité est relative à [une] expérience »), etc. Quittant la logique d’appartenance pour celle de l’identification, il suggère donc une attitude de proposition de la foi relevant d’une ecclésiologie de la confiance (marquée par la primauté du sacerdoce baptismal sur le sacerdoce ministériel). Ici, l’intuition des instituts séculiers (une inculturation totale de la foi dans la vie sociale, qui manifeste la sécularisation interne du christianisme) se trouve particulièrement en accord avec les données culturelles d’aujourd’hui. Véronique Margron suggère un point de vue printanier, si l’on peut dire, sur l’engagement chrétien, « une manière de se tourner du côté de l’aube », de répondre de notre histoire, d’ouvrir l’avenir, puisque la Croix a changé le cœur du monde. Mgr C. Dagens médite, grâce aux écrits de M. Delbrêl surtout, sur cette vocation des laïcs dans le monde, où ils inscrivent la logique de la création et du salut de Dieu. Mgr J.-L. Brunin voit la vie séculière comme « service de l’accoutumance réciproque de Dieu et de l’homme » qui conduit à vivre ce qu’il nomme « un christianisme d’inscription » (123). Deux membres d’instituts séculiers réagissent enfin à la « radicalité évangélique » à laquelle ils sont appelés : c’est celle du Christ (A. Godart), et, sans doute, au vu des appellations de bien des instituts, celle de Notre-Dame (J.-F. Galli). A méditer.

Sur l’Ordre des vierges

Comme nous l’annoncions dans notre chronique annuelle précédente, un Congrès-pèlerinage international de l’« Ordre des vierges » s’est tenu à Rome, du 14 au 20 mai 2008 [24], rassemblant cinq cents de ces consacrées venant de cinquante-deux pays, sur le thème « La virginité consacrée dans le monde : un don pour l’Église et dans l’Église » [25]. Les Actes en seront bientôt publiés, mais puisque nous y avons participé, tâchons de faire écho à des journées fort attendues (le précédent et premier Congrès remonte à 1995, 25e anniversaire de la restauration par Vatican II de l’Ordo consecrationis virginum). Sous la présidence de Judith Stegman (U.S.A.), et, pour les francophones, grâce à la coordination de Yolande Salmon (France), ce Congrès fut, dans un contexte marqué par des liturgies soignées, l’occasion d’entendre, durant sa partie réflexive (trois jours), une série de conférences entrecoupées, le 22 mai, d’une audience pontificale marquante [26] ; dans sa partie pérégrinante (trois autres jours), il permit de visiter les basiliques majeures et d’autres hauts lieux, comme le monastère de Subiaco, les trois Fontaines, les fouilles sous Saint-Pierre, etc. Plusieurs évêques (comme Mgr J.-P. Cattenoz pour la France ou Mgr A.-M. Léonard pour la Belgique) ou des délégués épiscopaux référents ont voulu participer à ces assises, convoquées par le Cardinal Frank Rodé, préfet de la C.I.V.C.S.V.A., et constamment accompagnées par Mgr Raymond L. Burke (U.S.A.). Un Congrès très structuré, dont le discours du Saint-Père trace la ligne faîtière : « dans le dialogue avec Dieu, ouvrez-vous au dialogue avec toutes les créatures […] ; votre idéal n’exige cependant aucun changement extérieur particulier […] ; la vierge consacrée s’identifie avec cette épouse qui, avec l’Esprit, invoque la venue du Seigneur ». Bien entendu, la diversité des personnes et des orientations locales demeure à peser. Y contribuera la série des exposés : l’apport historique du P. Marcel Metzger, les réflexions trinitaires de Mgr D. Gonzalez, les suggestions sur la virginité de l’Église de I. de Andia, la présentation liturgique de Mgr R. Burke, la vision nuptiale de J. Stegman, l’insertion dans la vocation baptismale par Mgr J.-P. Cattenoz, la situation ecclésiale vue par E. Bolchi, la doctrine sanjuaniste présentée par G.I. Alvaro Sanz, mais aussi, la dimension eschatologique sur laquelle insista le Cardinal F. Rodé, qui assura également la conclusion du colloque proprement dit. On n’oubliera pas les excellentes tables rondes de présentation par pays, où de puissants témoignages personnels ont été proposés. Comme c’est souvent le cas, les pauses, repas et autres déplacements plus ou moins organisés offrirent la possibilité de rencontres marquantes. Les vierges consacrées représentent dans l’Église un univers de plus en plus spécifique, dont la prise de conscience doit être saluée. Notre revue tâchera pour sa part d’y collaborer [27].

Sous un titre somptueux, avec en couverture l’Épouse de l’icône de Jean de la Croix « écrite » au Carmel de Harissa, l’étude de la regrettée J. Hourcade veut proposer une « spiritualité de l’Ordre des vierges » [28]. A partir de « l’histoire des vierges aux origines » (marquée notamment par la figure de Geneviève « de Nanterre »), elle fait remarquer que « le fondement essentiel de (cet Ordre) est liturgique » ; la liturgie en effet « accompagne l’apparition, puis la disparition et enfin la réapparition de l’Ordo virginum » (49). Même si, dans notre revue (qui portait alors le tire Revue des Communautés religieuses), un de nos illustres prédécesseurs écrivait, en 1927, que l’Église avait raison « de couper court à une tentative [de restauration] qui aurait vraisemblablement donné lieu à des interprétations inexactes ou diminué l’estime de la vie religieuse » (61), même si « l’institution des vierges consacrées vivant dans le monde n’a jamais été évoquée au Concile » (62) [29], la publication de l’Ordo consecrationis virginum (2 février 1970) fit date et c’est bien là que s’atteste à quel point « il s’agit de noces ». Fallait-il pour autant comprendre « la dot de l’épouse » en termes d’incontournable intégrité physique ? L’auteur connaît la position de Chrysostome (83) et d’ailleurs d’autres Pères sur ce point délicat ; on nous permettra de ne pas la suivre quand elle estime qu’aux « postulantes qui ne sont plus vierges », l’Église offre « d’autres solutions où ces femmes, dans des communautés, des instituts ou des voies solitaires, peuvent s’épanouir dans des vies spirituelles authentiques qui peuvent mener à la sainteté » (86). Le chapitre consacré au lien à l’évêque cherche à mettre au point l’engagement de la vierge dans l’Église particulière (« il est aberrant que les vierges circulent d’un diocèse à l’autre en toute indépendance sans en référer aux évêques concernés », 94). Jusque là, le canon 604 qui voit les vierges « mystice desponsatur » et prévoit leur association était à l’horizon. On attendait le chapitre VI, consacré à la spiritualité proprement dite, cette « histoire d’amour qui trouvera son accomplissement plénier dans l’union définitive avec l’Époux divin dans la Jérusalem céleste » ; ainsi l’Eucharistie quotidienne, la prière de l’Église (les psaumes), le silence où se nourrit un dialogue d’amour avec le Seigneur, font la spiritualité propre de cette vocation dans l’Église, dont Marie est « l’exemple sublime » : « ce qui unit en profondeur ces femmes si différentes, c’est leur virginité », entendue comme force de contestation dans une société aussi délétère que celles des premiers siècles. En annexe, on trouve l’intervention de l’auteur au Synode de 1994, puis ses impressions sur le même Synode, avant une bibliographie assez fournie sur le sujet.

On voudrait terminer ces pages en évoquant une émouvante trajectoire personnelle, celle de Chrystelle Court, affligée d’une maladie extrêmement invalidante (c’est peu dire), et qui a, elle aussi, trouvé, après des années de douleurs infiniment recommencées, sa joie dans la consécration des vierges [30]. De tels témoignages nous mesurent complètement, quelle que soit notre forme de consécration, parce qu’ils permettent d’approcher, avec toute la pudeur requise, le cœur de ces vies que seul l’amour du Christ peut justifier.

[1C’était le thème du « Rassemblement Religieux-Laïcs » organisé à Lourdes, les 19-21 octobre 2007 par les deux Conférences de Supérieurs majeurs de France ; voir la publication des actes, Conférence française des supérieures majeures/Conférence des supérieurs majeurs de France, Rassemblement religieux-laïcs. Les familles spirituelles : un nouveau visage d’Église ? Vous serez mes témoins (Lourdes, 19-20-21 octobre 2007), Paris, CSM/CSMF, 2008, 104 p.

[2Benoît XVI, « Discours à la Plenaria de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique » (à l’occasion des 100 ans de sa création), le 20 novembre 2008.

[3Église et vocations n° 3, août 2008 (La revue de la pastorale des vocations), UADF, Service national des vocations, 58, avenue de Breteuil, F 75007 Paris. Ce numéro très tonique se compose de « réflexions » (5 articles), suivies d’un « partage de pratiques et témoignages » (4 articles) et de « contributions » (4 articles) avant les habituelles « informations diverses ».

[4On signalera aussi l’excellent fascicule édité par le Centre National des vocations (de Belgique), Parler des vocations au cours de religion ou en retraite scolaire, mission impossible ?, Louvain-La-Neuve, rue du Discobole 2/33, 2008, 21 x 29,5 cm, 90 pages, prix non communiqué (www.vocations.be).

[5Sœur Emmanuelle, Confessions d’une religieuse, Postface de Philippe Asso, Flammarion, 2008, 15 x 24 cm, 410 p., 20 €.

[6Grégoire le Grand, Dialogues sur les miracles des Pères d’Italie. Livre second : Vie et miracles du saint abbé Benoît, illustrations de l’Abbaye cistercienne Sainte-Marie de Rieunette, F-11250 Ladern/Lauquet, 2004, 24 x 17 cm, 15/plus frais de port (réduction par 10 exemplaires, chez l’éditeur).

[7Signalons que la même plume a dessiné deux douzaines de cartes postales extraites de La vie quotidienne selon la Règle de saint Benoît (chez Téqui, 22 x 30 cm, 136 p., 2001) et qu’on peut aussi acquérir ces enluminures d’un nouveau genre (comique, mais toujours intérieur) via l’Abbaye.

[8Aa. Vv., La dimension internationale de la vie religieuse. Session de février 2007, Centre Sèvres/Facultés jésuites de Paris, Paris, Médiasèvres (Cahiers de vie religieuse, 143), 2007, 21 x 29.5 cm, 194 p., 12,00 €.

[9La Compagnie a obtenu, le 22 janvier 2007, le statut consultatif auprès du Conseil économique et social de l’ONU en tant qu’organisation non gouvernementale.

[10Le Chapitre général de Cîteaux peut être considéré comme la première assemblée européenne.

[11De Vogüe A., Histoire littéraire du mouvement monastique dans l’Antiquité. Première partie : Le monachisme latin, t. XI : La Gaule franque et l’Espagne wisigothique (VIème-VIIème siècles), coll. Patrimoines christianisme, Paris, Cerf, 2007, 14,5 x 23,5 cm, 318 pages, 39 €.

[12De Vogüé A., Histoire littéraire du mouvement monastique dans l’Antiquité. Première partie, le monachisme latin. t. XII, A l’aube du Moyen-âge (650-830), coll. Patrimoine du christianisme, Paris, Cerf, 2008, 14,5 x 23,5 cm, 352 pages, 39 €.

[13Sbalchiero P., Histoire de la vie monastique, Paris, DDB, 2008, 14 x 21 cm, 256 p., 22 €.

[14Actes officiels du 33e Colloque du Centre d’Études et de Recherches Prémontrées Freckenhorst 2007, Westphalie, Allemagne, Centre d’Études et de Recherches Prémontrées, Abbaye de Prémontré, 3, rue Abélard, F 02000 Laon, 2008, 21 x 30 cm, 136 pages, nombreuses illustrations.

[15Goldmann G., Un franciscain chez les SS., Le témoignage véridique de Géréon Goldman, Paris, Éditions de l’Emmanuel, 2008, 14 x 22.5 cm, 320 p., 22 €.

[16De Sutter G., Sainte Amandine en Chine, numéro 39-40 de Gabriel. Échos de la BD chrétienne, décembre 2007-janvier 2008, Bruxelles, 2008, 21 x 30 cm, 12 pages.

[17Olivera B., Chastes pour aimer (Voix monastiques 16), Oka (Québec), Abbaye Notre-Dame du Lac, 2007, 14 x 21 cm, 108 p., 11 €.

[18Van Lier R., Comme des arbres qui marchent. Vie consacrée et charismes des fondateurs, Ottawa, Novalis, 2007, 13,5 x 21 cm, 168 p., 24,95 CAD.

[19Muchery G., Chemins à la suite du Christ. Guide des vocations dans l’Église, Paris, Bayard, 2007, 160 p., 15,00 €.

[20Le C.I.I.R. (Congrès international et interconfessionnel des ordres religieux), présidé par le P. Nicolas Stebbing) annonce de son côté son prochain Congrès œcuménique du 1er au 6 juillet 2009, au Monastère de Simbata de Sus, près de Sibiu (Roumanie)

[21Les Focolari. La fraternité au quotidien, numéro hors série du mensuel Nouvelle Cité, Bruyères-le-Châtel, Nouvelle Cité, juin 2007, 21 x 29.5 cm, 64 p., 7 €.

[22Conférence Mondiale des Instituts séculiers, numéro spécial de Dialogo/Dialogue/Dialog, vol. 35, numéros 152-153, 2007 I-II trimestre, Via Tullio Levi-Civita, 5, I 00146 Rome.

[23(Mgr J.-L. Brunin e.a.), Pleinement consacrés et pleinement dans le monde. Le défi des Instituts séculiers, Paris, Parole et Silence, 2007, 14 x 21 cm,, 144 p., 14 €.

[24Ce congrès international a été précédé par une session francophone annuelle, tenue du 18 au 25 août 2007, au diocèse d’Albi, qui avait rassemblé une centaine de vierges consacrées de France, de Belgique, du Luxembourg, de Suède et de Roumanie sur le thème « Suivre Jésus-Christ ».

[25Cette expression fut employée par le Cardinal J. Ratzinger, lorsqu’il conféra, à Rome, le 25 mars 1988, la consécration des vierges à Dagny Kjaergaard, ancienne étudiante de l’I.E.T. (Institut d’Etudes Théologiques) de Bruxelles.

[26Voir par exemple http://www.zenit.org

[27Rappelons l’existence de la revue française spécifique, Christi Sponsa, dirigée par Anne-Claire Vaudrin.

[28Hourcade J., Noces mystiques. Spiritualité de l’Ordo Virginum, Préface de Mgr E. Marcus, Paris, Embrasure/Parole et silence, 2007, 14 x 21 cm, 142 p., 13€.

[29Sauf la remarque (écrite ?) d’un évêque, le 21 novembre 1963 ; cf Acta Synodalia II, V, 660-661 (64).

[30Court C., Tu m’as fait remonter de l’abîme. La souffrance transfigurée, Paris, Éditions de l’Emmanuel, 14 x 22 cm, 158 p., 14,5 €, 2008.

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