Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

À l’occasion de mes cinquante années de sacerdoce

André de Jaer, s.j.

N°2008-1 Janvier 2008

| P. 14-15 |

Je suis heureux de rendre grâce au milieu de vous pour ces cinquante ans de sacerdoce. C’est ici que je célèbre en semaine ou le dimanche, lorsque je suis dans la maison. Après les fêtes des quatre-vingts ans d’âge puis des soixante ans de vie religieuse, je souhaitais vivre ces cinquante ans de sacerdoce dans l’intimité de ma communauté et au milieu de vous. A travers vous, ce sont tant d’autres communautés et de personnes qui me sont présentes. C’est avec toutes et tous que je suis heureux de partager mon action de grâce en cette fête de l’Assomption de la Vierge Marie.

La lecture en ligne de l’article est en accès libre.

Pour pouvoir télécharger les fichiers pdf et ePub, merci de vous inscrire gratuitement en tant qu’utilisateur de notre site ou de vous connecter à votre profil.

Je suis heureux de rendre grâce au milieu de vous pour ces cinquante ans de sacerdoce. C’est ici que je célèbre en semaine ou le dimanche, lorsque je suis dans la maison. Après les fêtes des quatre-vingts ans d’âge puis des soixante ans de vie religieuse, je souhaitais vivre ces cinquante ans de sacerdoce dans l’intimité de ma communauté et au milieu de vous. A travers vous, ce sont tant d’autres communautés et de personnes qui me sont présentes. C’est avec toutes et tous que je suis heureux de partager mon action de grâce en cette fête de l’Assomption de la Vierge Marie.

La première chose que je voudrais dire, c’est que je n’ai jamais désiré ou voulu être prêtre… mais que depuis cinquante ans, je n’ai jamais regretté de l’être, que j’en suis très heureux et que j’en rends grâce.

Au moment de la Libération, en septembre 1944, je venais d’avoir dix-neuf ans et me suis engagé comme volontaire de guerre pour soutenir, à ma toute petite place, l’offensive des alliés. Mais deux ans plus tard, la paix revenue, j’ai décidé de quitter l’armée. Car tout mon désir et l’appel que je ressentais était de suivre Jésus, le Christ, et de vivre son Évangile. J’avais été très marqué par le livre de René Bazin sur Charles de Foucauld. C’était tout mon désir : être, comme lui, témoin de l’amour de Jésus parmi mes/ses frères et sœurs, spécialement les plus petits. Je ne connaissais que les Jésuites, j’y avais fait mes humanités. Je connaissais leur vocation missionnaire. J’ai demandé d’être envoyé en Inde ou en Afrique, en tant que frère. Je ne pensais pas et n’envisageais pas la prêtrise. Au long des années, les circonstances ont bouleversé ces projets, et malgré mon désir d’être frère, les supérieurs m’ont demandé d’accepter d’être ordonné prêtre. J’y ai consenti, mais vraiment dans la nuit. D’ailleurs, de toute manière, prêtre ou frère, il s’agissait pour moi toujours et uniquement d’être témoin de l’amour de Jésus-Christ parmi ses frères. C’est ce que j’ai écrit sur mon image-souvenir d’ordination : « Témoin de l’amour de Jésus-Christ parmi mes frères, pour les aider à recevoir sa Parole, son Pardon, son Corps ». On m’a fait remarquer qu’il fallait mettre plutôt « pour leur donner… ». Mais je ne le sentais pas comme cela. Car ce n’est pas moi qui donne le Christ. Il se donne lui-même à chacun de nous. Je ne suis que son instrument. C’est le Christ qui se donne à travers moi. Je n’ai qu’à m’effacer, à aimer comme Il m’a aimé, à donner ma vie. C’est de cette manière-là que j’ai accepté d’être ordonné. Témoin de cet Amour.

Et voilà que, tout au long de ces cinquante années, sans que rien n’ait été programmé d’avance, c’est cela qu’il m’a été donné de vivre comme compagnon de Jésus, à la suite de saint Ignace et dans l’esprit du frère Charles. J’ai été conduit là où je ne savais pas, et où je ne m’attendais pas d’aller, mais toutes les missions que j’ai reçues, parfois de manière totalement imprévue, m’ont permis de vivre ce désir que le Seigneur avait inscrit en moi : que ce soit dans la formation des jeunes jésuites, dans l’aide apportée à la vie religieuse, dans les tâches en divers pays d’Afrique, de Madagascar ou d’ailleurs, dans la présence aux personnes pauvres et handicapées qui m’ont beaucoup évangélisé le cœur dans la communauté de l’Arche, dans les retraites, les accompagnements – le fil rouge en a toujours été ce désir et cet appel à être témoin, dans la présence et les rencontres, de l’amour de Jésus parmi mes frères et sœurs.

Aujourd’hui j’en rends grâce de tout cœur au Seigneur, en communion avec mes frères jésuites qui m’ont formé, accompagné, aidé, en Lui demandant pardon de l’avoir encore bien peu vécu, mais confiant en sa miséricorde ; et puis, mon pèlerinage n’est pas encore terminé…

Mots-clés

Dans le même numéro