Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.
La règle qui a modelé durant des siècles le monde religieux d’Occident propose en fait un chemin de bonheur,avec ses passages étroits,mais aussi la « délectation » que l’amour de Dieu apporte avec lui. Grâce à une autorité dont l’exigence ne peut masquer la tendresse, l’obéissance devient même douce et agréable, quand la « paix bénédictine » gagne le monastère tout entier.
La lecture toujours reprise de la Règle bénédictine permet de l’entrevoir comme un chemin, devenant plus ardu avec le temps. Un passage peut alors s’opérer, au plus profond de la misère de l’orant. Avec les anciens spirituels, Benoît montre dans l’humilité du « médecin qui se sait blessé » la vraie source de sa capacité à guérir autrui — « si vraiment il cherche Dieu ».
« La part des moines » dans la constitution de l’Europe est bien connue ; mais comment l’Europe des monastères, qui passe par « d’humbles dévouements linguistiques », pourrait-elle subsister sans adapter son statut géographique et économique à la réalité vivante de l’Europe des Églises, en sorte que les monastères deviennent plus que jamais « Écoles de l’Amour » ? Cette espérance, que Taizé réalise déjà aujourd’hui, s’impose d’ailleurs à toute vie religieuse, comme à toute communauté évangélique rassemblée autour du Seigneur.
Les membres des communautés apostoliques trouveront grand fruit à la lecture de ces pages écrites d’abord pour des contemplatifs. Certes, bien des réalités de la vie – rythme du travail et de la prière, horaire, solitude et relations humaines, etc. – diffèrent beaucoup selon le type de vie. Mais les dimensions fondamentales de toute vie consacrée se rejoignent. Un authentique gouvernement religieux, quel qu’il soit, est appelé à être un gouvernement spirituel, et donc à tenir compte de l’œuvre de l’Esprit Saint en chacun des membres de la communauté. Comment aider de quelque manière ses frères, ses sœurs, à traverser les étapes et les épreuves d’une vie en y trouvant le lieu d’une croissance spirituelle et en discernant l’œuvre de l’Esprit Saint ? C’est là aussi un rôle du gouvernement spirituel authentique, sans qu’il prenne pour autant la place de l’accompagnement spirituel. Le Père Louf y introduit en nous faisant part de sa longue expérience de gouvernement et d’accompagnement. [Traduction, revue par l’auteur, de l’exposé donné le 5 septembre 1985 à l’Assemblée générale de l’U.V.C. (Union des contemplatives néerlandophones de Belgique).]
Ces pages reprennent un exposé fait à une session nationale des Vicaires épiscopaux pour les instituts de religieux et de religieuses de France. L’auteur y décrit avec une grande justesse l’itinéraire spirituel propre à toute vocation chrétienne et qui est pris en charge de manière plus spécifique par la vie religieuse. Il évoque d’abord l’étape nécessaire du désert, lieu de pauvreté où le cœur de l’homme est broyé, mais aussi lieu où renaître, qui donne à Dieu les mains libres pour agir et faire de l’homme une créature nouvelle, un être fraternel conduit par l’Esprit. Telle est la profondeur à laquelle est enfantée la vie apostolique, celle du contemplatif comme celle du religieux dit actif, dont l’action est appelée à prendre sans cesse sa source dans le désert retrouvé, pour y discerner l’Esprit à l’œuvre en lui et dans le monde. [Cette conférence, à laquelle on a conservé son style oral, a été prononcée en novembre 1983 à la Session nationale des Vicaires épiscopaux pour les instituts de religieux et de religieuses de France. Elle a paru, avec les autres textes de cette session, dans Vie religieuse et perspectives missionnaires (en vente notamment à l’U.S.M.F., 10 rue Jean Bart, F-75006 Paris). Nous la reproduisons avec l’aimable autorisation de l’auteur et des éditeurs.]
L’auteur est depuis vingt ans abbé de l’abbaye cistercienne de Sainte-Marie-du-Mont. Il sait ce que signifie vivre en communauté fraternelle. Il éclaire à la lumière de l’Écriture l’expérience qu’il a vécue dans son monastère. En des termes simples, sans prétendre à une étude théologique exhaustive, il nous rappelle la réalité théologale d’une communauté chrétienne et religieuse : au cœur de l’Église, manifestation de la grâce et de la miséricorde de Dieu dans la fragilité et la faiblesse humaines. C’est pourquoi elle est appelée à devenir toujours davantage lieu de pardon, de guérison et de croissance. – Ces pages sont la traduction d’une conférence donnée en néerlandais à des religieux et religieuses de Belgique.
Une première partie avait été une approche biblique et psychologique de la relation d’accompagnement spirituel, qui éveille et transmet la vraie vie (Vie consacrée, 1980, 323-335). A. Louf décrit ici quelques fausses images de Dieu, qu’il nous faut démasquer. Il aide ensuite à discerner la recherche du vrai Dieu, qui suscite en l’homme la vie authentique et la pleine liberté. Enfin, il analyse la manière dont le guide spirituel met en œuvre des valeurs paternelles ou maternelles selon le don qui est le sien ; il importe d’en être conscient pour permettre la croissance du disciple vers sa pleine maturité dans le Christ.
L’auteur, abbé de la Trappe de Sainte-Marie-du-Mont, a le don d’exprimer en un langage simple les réalités spirituelles les plus fondamentales. Dans les pages qui suivent, il nous fait part de certains aspects de son expérience de père spirituel et d’abbé. Alors qu’aujourd’hui le besoin de guides spirituels se fait urgent pour celles et ceux qui sont appelés à suivre le Christ et son Évangile, A. Louf nous introduit par touches successives dans la réalité de cette relation de paternité-maternité spirituelle qui éveille et transmet la vraie vie. La seconde partie de l’article décrira quelques idoles à combattre dans l’accompagnement spirituel et aidera à discerner le chemin de liberté et de vie auquel Dieu nous convie. Ces pages sont la traduction d’une conférence donnée en néerlandais à des maîtres et maîtresses des novices o.s.b. et o.c.s.o. à Zundert (Pays-Bas). Ceci en explique le style parlé.
Pour faire voir comment l’obéissance charismatique du religieux se distingue de l’obéissance sociologique propre à tout groupe organisé, l’Abbé de Sainte-Marie-du-Mont nous invite à méditer trois situations spirituelles auxquelles correspondent trois grâces différentes d’obéissance : l’obéissance-abaissement, à l’imitation de Jésus « qui a tellement pris la dernière place que personne ne peut plus la lui ravir » (Foucauld), l’obéissance de docilité, qui ouvre à la vie de l’Esprit par la voie du renoncement aux « volontés propres », et l’obéissance prophétique, qui donne à l’obéissant la certitude de faire la volonté de Dieu. Puis il examine comment cette triple grâce se vit concrètement dans le cadre de l’obéissance cénobitique.