Il n’est pas rare que l’auteur d’un commentaire biblique publie un recueil d’articles qui ont accompagné la gestation de son ouvrage, en y développant, plus qu’il n’a pu le faire dans son commentaire, son point de vue herméneutique. C’est ainsi que D. Marguerat, à la suite de son commentaire des Actes, rassemble 17 études sur Lc-Ac sous le titre-programme de L’historien de Dieu. Pour l’exégète de Lausanne en effet, Luc a voulu « raconter Dieu dans l’histoire », mais, à la différence des historiens gréco-romains, il a raconté l’histoire d’en bas, celle du petit peuple, en montrant comment « Dieu se faufilait dans l’épaisseur de l’histoire humaine » (p. 9). La première section, « Histoire et théologie », affronte la question qui jaillit nécessairement de cette prise de position : peut-on être à la fois historien et théologien ? En s’appuyant sur des travaux récents en épistémologie de l’histoire, l’A. affirme que « la mémoire fixée par l’historien n’est jamais que (re)construction » et qu’il faut prendre en compte « la dimension poétique de sa représentation du passé » (p. 27). Dans cette vision des choses, Luc se présente comme le premier auteur « à avoir, dans une perspective historiographique et en vue de construire l’identité chrétienne, décrit l’histoire des origines chrétiennes » (p. 51). La seconde partie du recueil présente plusieurs parcours narratifs de Lc-Ac autour de thèmes fondamentaux. On y découvre comment Luc construit dans son œuvre une « éthique du rapport aux biens » (ch. 6) ; que les repas sont un « vecteur d’identification » du groupe des chrétiens en tant qu’expression d’un « salut qui reconfigure les relations humaines sous l’égide d’une fraternité baptismale » (ch. 8), ou encore que l’évangélisation est comme une « dimension génétique de l’Église » (ch. 11). Quant à la troisième partie, elle s’intéresse à la figure de Paul. Un ouvrage substantiel à l’écriture limpide.
Bayard - Labor et fides, Montrouge - Genève, avril 2018
448 pages · 24,90 EUR
Dimensions : 15,5 x 23 cm
ISBN : 9782227493841