Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.
Prêtre orthodoxe, le père Dinu a soutenu une thèse doctorale sur sainte Thérèse à la Faculté de Théologie orthodoxe de l’Université de Bucarest où il enseigne aujourd’hui. Son étude sur la Madre, traduite et légèrement abrégée par nos soins, met en lumière les consonances de la doctrine spirituelle de Thérèse avec la prière de Jésus chère à l’Orient. Nous sommes heureux d’achever l’année thérésienne par cette présentation inédite d’un chemin de prière décidément ecclésial.
Connaissez-vous saint Nil le jeune ? Aujourd’hui abbé de l’unique monastère basilien d’Italie, dom Michel van Parys nous présente cette haute figure, grâce à un dialogue du Xe siècle avec les moines bénédictins du Mont Cassin. Une lecture d’abord déconcertante, à travers une question insolite — le moine est-il un ange ? — et nous voici rapportés aux sources de l’Écriture comme à saint Basile, mais aussi, au dialogue que poursuivent entre elles des traditions monastiques très anciennes.
« La vie consacrée est belle parce qu’elle révèle dans l’humain le divin, elle révèle que l’humain est capable de Dieu, à cause de l’Esprit versé en nous qui nous purifie, nous fortifie, nous guérit ». Ne nous trompons pas de beauté ! Ce n’est pas la perfection formelle qui rendra nos communautés belles et prophétiques, mais le témoignage de consacrés transfigurés par leur rencontre avec le Christ et cherchant, jusque dans la fragilité de leur humanité, à « demeurer dans son amour ».
Lieu de mort, ou lieu d’une autre vie, le désert terrifie ou fascine, tout comme la vie de ces solitaires dont nous connaissons tant d’apophtegmes. Mais à quoi ressemblait concrètement la prière de ces hommes s’efforçant d’obéir à l’injonction du Seigneur, reprise par saint Paul, de « prier sans cesse » ? « La prière est le miroir du moine », disaient-ils eux-mêmes, et leur exemple, plus actuel que jamais, nous montre comment la prière change le cœur, transforme la vie, et fait jaillir des sources dans le désert et refleurir les lieux les plus arides.
Sait-on que l’expérience des Pères du désert, fondatrice entre toutes, demeure accessible, puisqu’elle se vit encore, dans des conditions presque analogues, en Éthiopie aujourd’hui ? Le voyage que nous propose l’auteur, à la découverte de ce monachisme contemporain, ne manquera pas de surprendre, d’amuser parfois, mais surtout, de faire réfléchir à cette existence faite, en définitive de tempérance, de discrétion, d’humilité ; destinée à « renouveler l’âme », l’ascèse conduit alors à vivre constamment avec Celui qui nous donne d’entrer joyeux dans la cité de Dieu.
C’est un dossier complet sur la virginité dans l’Église primitive que nous offre le Frère Christophe, avec ses linéaments scripturaires et les discussions parfois anciennes sur la pureté rituelle, le lien à la résurrection des corps, les influences extérieures… Au terme, la virginité chrétienne se manifeste comme le fruit très précoce d’une évolution interne à l’Église, même si certaines tendances ascétiques ambiantes en ont favorisé l’apparition.
Poursuivant son parcours des Conférences de Jean Cassien, l’auteur nous propose, après la comparaison des « habiles changeurs », l’image de « la voie royale », puis la figure de « l’ambidextre » : le discernement ne jouait donc pas seulement sur le registre du combat spirituel, mais encore, sur celui de la mesure et finalement, de l’équilibre qu’offre la véritable pureté du cœur.
Parcourant les fameuses Conférences de Jean Cassien, l’auteur propose de s’attacher aux comparaison, image et figure qui permettent de comprendre le rôle du « discernement des esprits » dans la vie spirituelle. Dans la première partie de son article, la « discretio » est présentée comme « œil et lampe du corps », permettant d’éviter les quatre formes de contrefaçons des « pensées » qui détourneraient le moine-changeur de sa vocation. Il s’ensuit que le spirituel peut discerner, dans les huit vices principaux, l’arme à prendre, le remède à employer, la tactique à adopter ; il s’agit donc de s’engager dans un combat quotidien. La suite nous apprendra comment suivre la « voie royale » et comment il s’agit d’être « ambidextre », mais ce sera la prochaine fois...
La pensée et la spiritualité indienne offrent, quand on les explore par leurs versants hindou aussi bien que bouddhique, des ressources souvent inaperçues en Occident : être délivré de la peur et « faire don de l’absence de crainte » à tout être vivant, n’avoir plus de crainte et n’en inspirer plus aux autres, voilà qui suggère, notamment dans la figure du « renonçant royal », des résonances avec la tradition chrétienne qui peuvent nous provoquer.
Dire comment on voit la vie consacrée « de l’extérieur », c’est sans doute dire quelque chose de sa foi. Les critiques peuvent être acerbes ou les appréciations bienveillantes, différer selon qu’il s’agit des moines, des consacrés de vie active ou des « laïcs consacrés ». Les réponses à une telle enquête indiquent en fait des défis profonds, que l’auteur choisit de présenter sous la forme d’une série d’antinomies (d’oppositions) qui culmine dans l’accomplissement du martyre. Au terme, l’expérience de la Transfiguration ouvre sur la mentalité eucharistique de Pâque, vraie divinisation de notre culture et de notre condition mortelle.
Ce n’est pas un sujet facile à traiter... l’auteur l’avoue d’entrée de jeu. Mais les quelques brèves notations, sur le mode familier d’une conférence spirituelle, Indiquent bien le sens de toute démarche de « sortie de soi ». Ce thème d’ailleurs se doit d’être abordé par toute théologie spirituelle consciente des mutations de valeurs propres à une culture de la « quête de soi », que des textes récents explorent avec intérêt (cf. Christus, 188, oct. 2000, « Le souci de soi », ou, Jacques Arènes, La recherche de soi, DDB, 2000).
Dans le contexte actuel de la construction de l’Europe, la Parole évangélique se fera-t-elle entendre ? Comment ne pas l’écouter dans une de ses réalisations les plus fécondes ? Le texte que nous proposons ici aidera certainement par sa richesse, tant du point de vue culturel qu’anthropologique, à prendre en considération cet héritage et à en reconnaître l’actualité féconde. Ne serait-ce pas aussi une manière de nous préparer au prochain Synode des Évêques d’Europe dont les lineamenta viennent d’être diffusés ?